Michel Niqueux, traducteur du russe qui vit à Bayeux, a été interviewé pour le dossier « Domaines étrangers ».
Vous pouvez lire ci-dessous l’interview in extenso.
La traduction russe en France
« Pour le russe, je pense qu’il n’y a pas plus de 5 ou 6 traducteurs professionnels en France aujourd’hui. Ils travaillent surtout avec de grands éditeurs comme Gallimard ou Fayard. Seuls les grands éditeurs paient à la page, tandis que les autres proposent souvent au mieux un à-valoir, sinon un pourcentage de 8 à 10% sur les ventes hors-taxes. Ces petits éditeurs travaillent plutôt avec des traducteurs amateurs, dans le sens où ils ont une autre source de revenus, la plupart d’entre-eux étant des enseignants. »
La proposition du traducteur
» Ma première traduction date de 1976 (« Voyage de mon frère Alexis au pays de l’utopie paysanne », d’Ivan Kremniov, éd. L’Âge d’homme). C’est un petit livre que j’ai proposé moi-même à l’éditeur. D’ailleurs, sur les 15 traductions que j’ai réalisées depuis, seulement trois m’ont été commandées. Les autres, c’est moi qui les ai proposées. Généralement, les petits éditeurs prennent leur décision plus vite, ils connaissent la littérature russe et sont plus enclins à publier un auteur moins connu. C’est souvent à eux que j’adresse mes propositions. Les grands éditeurs se tournent davantage vers des auteurs plus classiques ou des auteurs émergents. »
Le riche vivier de la littérature russe
« Quand on parle de traductions du russe, il faut distinguer celles d’auteurs en vie et celles d’auteurs disparus depuis longtemps, qui nourrissent encore bon nombre de projets éditoriaux. Pour cette dernière catégorie, les éditeurs n’ont pas de droit à payer à l’auteur et parfois reprennent de vieilles traductions. On peut y distinguer différentes périodes. Le 19e siècle, avec les grands classiques (Gogol, Dostoïevski, Tourgueniev, etc.) régulièrement réédités, soit dans de vieilles traductions (parfois révisées), soit dans de nouvelles traductions. Ensuite le début du 20e siècle (« l’âge d’argent »), qui a vu une renaissance artistique, avec une avant-garde picturale et le symbolisme en littérature. Puis les années 1920, âge d’or de la littérature soviétique, puis celle de l’émigration et enfin celle du dégel sous Khrouchtchev… Tout cela constitue un ensemble d’auteurs régulièrement retraduits. D’ailleurs depuis décembre 2017, sur les 137 traductions du russe réalisées en France, on compte 42 classiques et 32 recueils de poésie, ce qui est assez important. La poésie russe est d’ailleurs bien traduite en France, de grands poètes russes ont même été intégralement traduits en français… Tout cela forme un tableau assez varié qui indique que la littérature russe est relativement bien représentée en France. »
Propos recueillis par Laurent Cauville, avec Nathalie Delanoue et Christelle Tophin / aprim
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