Depuis son atelier percheron, Martine Camillieri pose un regard ironique sur les effets pernicieux de la surconsommation.
Alternant les livres et les expositions, la plasticienne nous invite à faire notre examen de conscience.
Et, pourquoi pas, notre petite révolution écologique pour sauver la planète !
Martine Camillieri a déjà vécu deux vies. Une première jusqu’en 2000 comme directrice artistique dans une agence de publicité. Puis une seconde, comme auteure, plasticienne et scénographe. Le point de rupture ? Une campagne à orchestrer pour Monsanto, multinationale convaincue d’écocide. Martine Camillieri refuse de s’impliquer dans cette commande et quitte le milieu. Elle démarre alors une carrière d’artiste pour prendre la parole et se fixe deux missions : limiter la prolifération des objets sur le globe, et militer pour que le comestible reste comestible. « Je mène un combat à ma hauteur. Je veux montrer qu’on peut vivre heureux avec moins. »
Martine Camillieri dénonce le consumérisme effréné tout au long d’une vingtaine d’ouvrages (1) où les objets sont habilement détournés pour vivre une seconde fois. « Ce ne sont pas des livres de loisirs créatifs, prévient l’auteure, mais des livres de vie. »
Écologie ludique
À partir de 2004, Martine Camillieri construit ses premiers autels « ironiques et oniriques » en accumulant les objets glanés dans les foires aux greniers et sur les déballages Tout à 1 €. Des moules à gâteaux, des ustensiles de cuisine en plastique de peu de valeur mais produits à des millions d’unités. Ses installations, proches de l’Arte povera, transforment la banalité en poésie subversive, notamment quand elles investissent la Design Week de Milan ou la coupole du Bon Marché à Paris, assorties de questions impertinentes. Un succès ambigu… « Je voulais monter des temples jusqu’à l’écœurement, mais les gens ont trouvé ça beau. Pour ne pas glorifier les objets, après avoir travaillé sur le trop, j’ai choisi de travailler sur le moins. »
Dans Jamais sans mon Kmion, Martine Camillieri invente la « cuisine de peu ». Puis elle conçoit des prototypes de vaisselle biodégradable (Les Petits Riens du tout) exposés à l’espace design du Centre Pompidou.
Et avec les nourritures fossiles du Festin retrouvé, installation paléofuturiste présentée au domaine de Chamarande (91), Martine Camillieri laisse pour les sociétés futures un témoignage archéologique de notre civilisation bientôt disparue.
Jusqu’au 15 septembre, Martine Camillieri exposera Safarikid au Moulin Blanchard, à Nocé (61), entre installation plasticienne et adaptation de la chasse au trésor.
Stéphane Maurice / aprim
(1) Tana éditions, Seuil Jeunesse, Éditions de l’Épure.
Bio express
Enfance en Asie, étude à l’ENSAD de Nice.
2000 : Création avec Bernd Richter de La Périphérie, lieu d’exposition à Malakoff pour jeunes artistes.
2004 : Premiers manuels d’écologie ludique, premières expositions à Tokyo et au Lieu unique à Nantes.
2005 : Premières installations des Temples et Autels.
2012 : Parution de Wild Food, Éditions de l’Épure, grand prix Sustainable Food, Gourmand Awards 2012.
2014 : Jamais sans mon Kmion : slow travel et cuisine de peu.
2022 : Le Festin retrouvé, buffet paléofuturiste, Évreux.
À propos de la ˝couv˝ de Perluète #13…
“Pour ce monde miniature, j’ai imaginé le jardin d’un conte. Les mots, comme des parfums de fleurs, nous saisissent et racontent une histoire.
Ce jardin de mousses prélevées en forêt restera vert plusieurs mois si on le vaporise régulièrement.˝
Martine Camillieri