Se lancer dans l’édition de nouvelles relève sans doute du pari. C’est celui de Martine Paulais, autrice, animatrice d’ateliers d’écriture et créatrice cet été de L’Ourse brune, à Notre-Dame-de-Cenilly (Manche).
Ce sont des livres poids plume, si légers dans la poche. Ici pas de recueil : un seul texte bref, jamais plus de 40 pages. Avec l’Ourse brune, Martine Paulais veut donner à la nouvelle la mise en valeur qu’elle mérite. « J’adore ce genre littéraire, et je croise dans mes ateliers des auteurs pleins de talent, qui ne trouvent pas d’éditeur car la nouvelle, en France, est peu valorisée. De là m’est venue l’idée de proposer de beaux textes dans un bel objet », retrace l’éditrice.
« Ce genre autorise toutes les audaces »
Martine Paulais, la soixantaine active, a mis les mots depuis longtemps au centre de sa vie. À Paris et en Normandie, elle partage son temps entre l’édition et l’animation d’ateliers ou de stages d’écriture (1). Sans oublier de signer elle-même des nouvelles (sous le pseudonyme d’Ève Roland), « cet art du blanc qui consiste à faire passer beaucoup de choses en un minimum de mots. J’ai toujours lu des nouvelles. J’ai été marquée par celles de Katherine Mansfield, de Tchekhov et de Carver. Ce genre autorise toutes les audaces, comme Raymond Carver l’a fait avec son art de nous captiver avec la banalité du quotidien ».
Pour donner à la nouvelle l’écrin qu’elle mérite, L’Ourse brune soigne la forme. Le studio Encre Blanche, tout proche, a signé la charte graphique. L’imprimerie Corlet imprime sur papier d’art. Et l’artiste Louis-Marie Catta, en conjoint partenaire du projet, a signé les illustrations de couverture.
Cinquième titre en route
L’exigence littéraire est aussi de mise. Quatre auteurs pour autant de textes ont inauguré la première fournée du nouvel éditeur, à l’issue d’une sélection. « J’ai sollicité une dizaine de personnes dont j’apprécie vraiment le travail. Le choix s’est fait parmi ces dix nouvelles, et il n’a pas été simple. »
L’Ourse brune projette d’ores et déjà de publier un cinquième titre au printemps, à l’issue d’un concours organisé entre octobre et janvier.
Pas de style particulier à tenir pour être publié par l’éditrice. Que la nouvelle soit ancrée dans le réel ou surnaturelle, riche en rebondissements ou paisible fragment de vie, « je cherche avant tout à être embarquée par une écriture et une atmosphère », dit-elle. Pour gagner son pari, Martine Paulais doit désormais étoffer un réseau de libraires encore embryonnaire (2). Elle le sait, le pari se gagnera sur la durée.
(1) Martine Paulais a rassemblé ses conseils dans le guide pratique Comment écrire une nouvelle (Enviedécrire éditions) (2) En Normandie, on trouve les nouvelles de l’Ourse brune à Granville (librairies Le Détour et L’Encre bleue) et à Avranches (Mille et Une Pages). À Paris, chez Vocabulaire (13e arrondissement) et Le Pied à terre (18e arrondissement). Les livres sont également en vente sur le site de l’éditeur.
Site Internet : www.loursebrune.nouvelles.fr
Propos recueillis par aprim
Martine Paulais a été interviewée pour le dossier « Bonnes nouvelles pour l’écriture ».
Lire l’intégralité du dossier « Bonnes nouvelles pour l’écriture » publié dans Perluète #06 / Janvier 2021
Retrouvez les interviews des autres acteurs du dossier :
- Sophie Le Goïc, professeur de lettres à Alençon pour le dossier « Bonnes nouvelles pour l'écriture »
- Ilana Kowalezyk, lauréate lycéenne 2019 du concours de nouvelles de Normandie Livre & Lecture
- Patrick Agostini, Prix de la meilleure nouvelle 2020 (adultes) du concours de nouvelles de Normandie Lire & Lecture