Le concours de nouvelles de Normandie Livre & Lecture passera cette année le cap de sa 15e édition. Avec le temps et une audience en hausse constante, le rendez-vous a confirmé l’intuition de ses créateurs : il y a des écrivains en herbe partout autour de nous. À vos plumes, il reste jusqu’à début mars pour participer à l’édition 2021.

Laurent Cauville avec Christelle Tophin / aprim

© Emmanuel Lemaire

Le 4 mars prochain, date limite des candidatures, le compteur du concours de nouvelles de Normandie Livre & Lecture (N2L) passera-t-il la barre des 300 textes reçus ? Un record envisageable, si l’on scrute sa courbe de progression depuis 2007. « Au total en quinze ans, environ 2 000 nouvelles ont été écrites dans le cadre du concours, pour presque autant de participants », comptabilise Marion Cazy, chargée des projets événementiels à N2L. Rien que l’an passé, 196 textes concouraient chez les adultes, 56 chez les lycéens.

Ces chiffres confortent le postulat de départ des organisateurs. « Oui, les Français aiment écrire et souvent le font bien. Quand les textes arrivent, je sais qu’il y aura des pépites, tant chez les adultes que les lycéens », souligne Marion Cazy, la première à les lire.

« Nettement moins chronophage »

Genre commercialement confidentiel en France, la nouvelle est paradoxalement très « pratiquée », comme le confirme Martine Delort, du comité de rédaction de la revue Brèves, dans une enquête de Médiapart parue en février 2019 : « La production est plus abondante que jamais. Les ateliers d’écriture […] et les concours de nouvelles se multiplient… » L’autrice Martine Paulais, devenue éditrice spécialisée dans le genre, acquiesce : « Deux millions de personnes écrivent en France… Et pour ce que j’observe dans mes ateliers, les motivations et les publics sont multiples. J’accueille des jeunes et des moins jeunes de tous milieux (majoritairement des femmes), qui veulent s’exprimer, progresser, s’évaluer, ou juste essayer. »
Si la case atelier d’écriture n’a rien d’obligatoire pour se lancer, elle connaît un vif succès : « C’est un moyen de parvenir plus vite au plaisir d’écrire, d’éviter de se disperser, poursuit Martine Paulais. Ce n’est pas un genre forcément plus facile que le roman, mais nettement moins chronophage. »

Dans les lycées et par-delà l’enfermement

© Emmanuel Lemaire

Depuis 2013, N2L a enrichi la dimension pédagogique du concours avec le parcours « Métiers du livre » vers les lycéens, en partenariat avec l’académie de Normandie. « Cette année, 150 élèves (5 classes) y participent, dans le cadre d’un projet pédagogique qui va les amener à écrire individuellement une nouvelle, mais aussi à découvrir toute la filière du livre. »

Au long cours, l’opération vise à les sensibiliser à la lecture et à favoriser leur créativité, au travers de rencontres, avec un auteur dont chacun a lu un livre (1), un libraire indépendant et un éditeur normand. « C’est l’occasion de découvrir toute une filière et c’est la force de ce parcours pédagogique, souligne Françoise Guitard, déléguée académique à l’action culturelle. Ces rencontres, associées à la pratique de l’écriture, permettent une plus grande appropriation du projet par les élèves et une désacralisation du monde de l’écriture. Chacun passe en mode projet, sur toute une année. » Le parcours offre aussi une autre expérience de l’écriture aux élèves, « une écriture créative, avec un rapport différent aux mots et à la langue ».

Pour cette 15e édition, le concours confirme aussi son ouverture à des publics parfois éloignés du livre. Ainsi, après une première incursion, en 2019, en milieu carcéral à Évreux (lire l'encadré Inclusion / Les mots bougent les murs ci-dessous), le concours franchit les portes de la maison d’arrêt de Coutances cette année et s’étend à un centre de soins psychiatriques de la Fondation Bon Sauveur de la Manche à Saint-Lô. Là encore, un atelier de démarrage permet aux participants de se lancer dans l’écriture d’un texte dans l’optique du concours.

 

(1) Cette année, les auteurs invités sont Anne-Sophie Brasme, Marion Brunet, Arnaud Cathrine, Marcus Malte, Aylin Manço et Coline Pierré.

Inclusion / Les mots bougent les murs

Christophe Tostain © DR
L’écriture peut-elle soulager le poids de l’enfermement ?

L’an dernier, le concours de nouvelles de N2L s’est tourné pour la première fois vers le milieu carcéral, à travers un atelier et un accompagnement de détenus de la maison d’arrêt d’Évreux.

Objectif : les amener à écrire chacun une nouvelle.

L’auteur de théâtre Christophe Tostain (Compagnie du Phœnix) avait en charge d’animer cet atelier suivi par une quinzaine de volontaires. « Cette bonne participation peut s’expliquer par la bouffée d’oxygène que peut procurer l’écriture. Avec son papier, son stylo, dans un calme impressionnant, j’ai vu chacun rentrer à l’intérieur de soi, pour mieux s’ouvrir un espace de liberté. » Les participants avaient des profils très divers, certains déjà adeptes de l’écriture, d’autres non. « Écrire permet de structurer une pensée, de nommer des émotions, et peut aider à canaliser une colère. Le faire dans un cadre collectif stimule l’échange et, je crois, soulage. »

Cette année, le concours de nouvelles poursuivra dans cette voie, malgré la Covid. Une nouvelle expérience a lieu en maison d’arrêt (Coutances) avec des protocoles de distanciation et une démarche similaire en centre de soins psychiatriques (Saint-Lô).

Côté éditeurs

Découvrez l'interview de Martine Paulais, autrice, animatrice d’ateliers d’écriture et créatrice cet été de L’Ourse brune : [Entretien] Avec l’Ourse brune, chaque nouvelle est un livre

Du bonheur d’écrire…

En 15 ans, près de 2 000 écrivains amateurs ont participé au concours de nouvelles de Normandie Livre & Lecture. Pour beaucoup, le prolongement naturel d’une pratique solitaire indispensable.

Découvrez les interviews de :

2021, l’ombre de Flaubert

Pour son édition 2021, le concours de nouvelles de N2L a choisi le thème de « L’Éducation sentimentale », en lien avec le projet régional Flaubert 21 (bicentenaire de la naissance de l’écrivain).

Chaque participant aura comme contrainte de terminer sa nouvelle par la citation suivante : « Ce fut comme une apparition : Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. »

La nouvelle proposée ne doit pas dépasser les 15 000 signes (espaces compris).

Date limite des dépôts, le 4 mars.

>>> Informations et conditions d’inscription : concoursdenouvelles.normandielivre.fr
Autres concours de nouvelles : www.concoursnouvelles.com

Repères
  • 2 000 C’est approximativement le nombre de nouvelles produites depuis 2007 par les candidats au concours de Normandie Livre & Lecture (plus de 250 pour la seule année 2020).
  • 4 mars 2021 La date limite des candidatures pour l’édition 2021 du concours.

Des prix plus rares que pour le roman

Les prix qui récompensent des nouvelles sont bien moins nombreux en France que ceux consacrés aux romans.

On peut tout de même citer :

  • Le Goncourt de la nouvelle (décerné au printemps). Lauréate 2020 : Anne Serre, Au cœur d’un été tout en or (Mercure de France).
  • Le prix Boccace (décerné au printemps). Lauréat 2019 : Julien Syrac, Berlin on/off (Quidam).
  • Le prix du premier recueil de nouvelles de la SGDL (décerné en décembre). Lauréat 2019 : Eugène Green, Les Interstices du temps (Éd. du Rocher).
[Dossier] Bonnes nouvelles pour l’écriture