Anne-Marie Métailié, fondatrice et directrice des éditions Métailié, a été interviewée pour le dossier « Climats polaires ».

Vous pouvez lire ci-dessous l’interview complète.

Anne-Marie Métailié
Anne-Marie Métailié © Louise Carasco

« Henning Mankell avait bien préparé le terrain »

Polar nordique et succès public

« Sjöwall et Wahlöö sont les fondateurs dans le nord d’un nouveau roman social. Je pense que le roman noir est le roman social de notre époque. Ce n’est pas du roman à énigme, mais un roman qui saisit une situation dramatique pour permettre de comprendre comment fonctionne un pan de la société. Avec Sjöwall et Wallow, beaucoup d’auteurs ont découvert cette possibilité littéraire. En France, nous avons eu la même chose avec Manchette par exemple. »

 

Les raisons du succès 

« Le public du roman noir me semble plus curieux que le public de littérature blanche, plus aventureux. Il cherche quelque chose qui lui raconte une histoire. Si vous respectez le pacte fictionnel, si vous racontez bien l’histoire, il vous suit.

Impossible de savoir pourquoi un livre se vend, je perd toujours quand je parie sur un livre en particulier. Mais je crois aussi beaucoup au rôle des libraires et des salons dans la construction des succès, plus qu’à celui de la critique. Aujourd’hui, croiser les auteurs, faire dédicacer un livre, croiser l’incarnation de l’auteur c’est bien. 

L’Islandaise Lilja Sigurðardóttir, auteure de Trahison (Métailié, 2020), nouvelle vague du polar islandais. © metailie.com

Les thèmes traités collent souvent à l’actualité et ils évoluent. Ainsi, quand je découvre Lilja Sigurdardóttir, auteure de Trahison (ed. Métailié, 2020), je suis embarquée parce qu’elle est ancrée dans les réalités du moment, les questions de genre. On est dans les aventures d’une femme qui devient ministre alors qu’elle vient de l’humanitaire. Face à une nomenclature politique qui veut lui faire la peau. C’est Borgen ! »

 

Mes liens avec le roman nordique

« Henning Mankell avait bien préparé le terrain, il a joué un rôle énorme. Il était là bien avant le début des années 2000, j’en étais alors une lectrice frénétique. Il a connu une vague de succès au début des années 2000.

Le premier roman nordique que nous ayons publié était un roman de Vagn Predbjørn Jensen, Le phare de l’Atlantide, en 2003. Un huit-clos de solitude et de folie. Ensuite nous avons publié Indriðason à partir de 2005. »

 

Locomotive vers littérature blanche

« Pour l’Islande, le succès d’Indriðason a ouvert la porte à des auteurs comme Eiríkur Örn Norðdahl, dont nous sommes très fiers, ou Gudbergur Bergsson, dont je conseille la lecture de Il n’en revint que trois, un livre assez court qui nous fait traverser toute l’histoire de l’Islande à travers la vie d’une ferme perdu dans la lande. d’Indriðason a permis a beaucoup de lecteurs de se dire qu’ils pouvaient lire des auteurs Islandais. »

 

Propos recueillis par Laurent Cauville

Lire l’intégralité du dossier « Climats polaires » publié dans Perluète #05
Retrouvez les interviews des autres acteurs du dossier in extenso :
[Questions à…] Anne-Marie Métailié, pour le dossier « Climats polaires »