Éric Boury, traducteur de l’islandais, a été interviewé pour le dossier « Climats polaires ».
Vous pouvez lire ci-dessous l’interview complète.
« Indriðason a amené des lecteurs vers d’autres auteurs islandais »
La littérature nordique a-t-elle une place particulière en Normandie ?
« Beaucoup de gens lisent des auteurs nordiques en Normandie, on le remarque si on voyage en France. Sur ce plan, le travail fait par les Boréales a laissé des traces.
J’y participe tous les ans en tant que traducteur et on observe très souvent des salles pleines.
À la librairie Le Brouillon de culture, on trouve un rayon « Littérature Nordique », je n’ai pas vu cela dans beaucoup d’autres endroits en France. Il y a quand même un spécificité ici. »
Le polar a-t-il joué un rôle d’accélérateur de la diffusion d’autres genres ?
« Dans le polar nordique, il y a du très très bon… et du moins bon. En général, il nous apprend beaucoup de choses sur les sociétés nordiques. C’est parfois aussi bon et intéressant que la littérature « blanche », que je traduis aussi, par exemple avec Jón Kalman Stefánsson.
Pour moi le polar est une vitrine qui a permis a beaucoup de lecteurs de découvrir une littérature plus large, d’autres genres. En France, Indriðason a amené des lecteurs vers d’autres auteurs islandais. »
La production islandaise est-elle riche ?
« La BD et la littérature jeunesse en Islande sont quasi-inexistantes. Encore beaucoup écrivent de la poésie, c’est une spécificité islandaise, même si ça reste assez confidentiel en diffusion. Malgré tout, les bibliothèques les achètent. Ce qui se fait aussi beaucoup en Islande, ce sont les biographies, voire les autobiographies.
Globalement beaucoup de livres sont produits en Islande, avec 800 sorties par an.
Rapproché aux 330 000 habitants, c’est une grosse production. Parmi ceux-là, il y en a peut être 5 ou 10 qu’il faut absolument traduire, et une petite vingtaine qu’il est très souhaitable de traduire.
En France il y a vraiment un essor des publications islandaises. »
Pourquoi cette popularité en France ?
« C’est lié à la présence de traducteurs. Pas de traducteur, pas de diffusion. En dehors de moi, il y a aujourd’hui Jean-Christophe Salaün, qui vit aussi à Caen, ou Catherine Eyjólfsson, qui vit en Islande. Tous les trois on publie quand même pas mal. »
Propos recueillis par Bertrand Arcil