« Je privilégie les petits éditeurs, engagés socialement, et qui accordent un soin à la fabrication des livres »

Cécile Lavoisier-Mouillac a créé une librairie itinérante après la crise Covid. Elle l’installe lors d’événements culturels ou dans des établissements scolaires et défend des choix éditoriaux assumés.

 

Comment vous est venue l’idée de ce projet de librairie itinérante ?

En février 2020, j’ai créé La Salicorne et le rhinocéros, une librairie-café à Huisne-sur-Mer, dans le sud-Manche, un mois avant le Covid. Bref, l’équilibre financier de mon projet a été rapidement mis à mal. Je participais déjà en tant que libraire à des événements culturels ou populaires, comme le festival des transitions « les Pluies de Juillet ». J’ai opté pour la formule itinérante un peu par la force des choses. Et je ne regrette pas. 

 

Vous considérez-vous comme une librairie militante ?

J’ai des convictions, sur des thématiques comme l’écologie, les féminismes, la nature… Je choisis tous mes livres, je ne fais pas d’office, je ne signe pas d’engagement avec les éditeurs, donc je suis totalement libre. Je privilégie les petites maisons, engagées socialement, écologiquement, qui accordent un soin à la fabrication des livres. J’aime la dimension artisanale du métier. Beaucoup de petits éditeurs sont admirables de passion, d’engagement, d’exigence. La qualité est souvent au rendez-vous. De la même manière qu’on aime connaître la provenance de ses légumes, je fais attention à l’origine des livres que je vends. Et à leur contenu

 

Comment s’effectuent vos choix éditoriaux ?

Ce que j’‘aime, c’est m’adapter à la thématique et au lieu où ma librairie se déplace. Chaque installation est un nouveau projet, je cherche en amont quels livres je vais proposer. Ce qui plaît au public, c’est la diversité de mon offre, qui permet d’assouvir une curiosité sur un sujet qui a été stimulée pendant l’événement. Je choisis souvent de multiplier les titres différents plutôt que d’avoir quelques titres à beaucoup d’exemplaires. J’aime proposer cette bibliodiversité, qui fait souvent dire à mes clients qu’ils trouvent des pépites, des auteurs ou des ouvrages peu connus, ou difficiles à trouver… Sur des événements comme « les Pluies de Juillet », le public est souvent engagé pour une cause ou une sensibilité, et recherche des ouvrages parfois pointus. 

 

Un an après, quel est le bilan ?

Je suis très sollicitée. C’est d’ailleurs assez difficile physiquement, car le métier exige beaucoup de manutention et sur certains événements j’emmène avec moi plusieurs milliers de livres. Je suis présente un jour par semaine dans un atelier partagé créé par une supérette bio. A partir du printemps, je cours les festivals et autres manifestations souvent engagées sur les transitions ou l’écologie, ce qui occupe beaucoup de mes week-ends. Je collabore aussi de plus en plus avec les collectivités, je me rends en milieu scolaire. Les petites médiathèques du sud-Manche comptent sur mois pour faire leur marché. Pour elles qui souvent ont très peu de contact avec les fournisseurs, je rétablis un lien. Rien que pour tous ces moments de proximité, mon bilan est positif. 

 

Propos recueillis par aprim

[Questions à…] Cécile Lavoisier-Mouillac et sa librairie itinérante
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