À Saint-Étienne-du-Rouvray, la future médiathèque Elsa Triolet ouvrira fin 2024. Elle jouera un rôle pivot dans le renouvellement urbain du quartier du Madrillet / Château Blanc. Élément central du lien social au cœur de ces quartiers populaires, elle a été conçue pour être évolutive, confortable, ouverte sur son environnement et s’adresse à l’ensemble des Stéphanais-es.
Explications avec sa directrice, Catherine Dilosquet-Vong.
Comment avez-vous travaillé sur le projet de la nouvelle médiathèque Elsa Triolet ?
Nous avons choisi de nourrir la réflexion en accumulant les points de vue. En plus du regard et des préconisations d’un programmiste avant le travail des architectes, nous voulions une expression large des attentes, des besoins et des bonnes idées. À commencer par celles de l’équipe de bibliothécaires (16 personnes), qui depuis 2010 a réfléchi en mettant en place de nouveaux services dans l’actuelle médiathèque, comme les espaces jeux ou les ateliers lecture…
Ces expériences ont nourri la réflexion. Nous sommes également allés visiter beaucoup d’autres bibliothèques en Normandie et en Bretagne, en 2016 et 2017. Nous en avons tiré des enseignements, ramené de bonnes idées transposables à notre projet.
Bien sûr, nous avons aussi écouté les usagers tout au long de ces années. Nous avons par exemple retenu que l’exigüité des lieux ou le manque de lumière naturelle étaient sources d’inconfort, surtout avec une fréquentation en hausse d’environ 20% ces dernières années. Comme la future médiathèque s’inscrit dans le cadre d’un projet plus large de renouvellement urbain soutenu par l’Etat, une maison du projet a été créée pour expliquer les travaux et recueillir des avis, ce qui nous a également renseigné.
Enfin, nous avons échangé avec les structures proches de la médiathèque : associations, écoles, représentants d’habitants… Et la Ville a organisé une consultation en ligne en juin 2020. De quoi nourrir abondamment la conception du lieu.
Quels ont été vos principes directeurs finalement ?
D’abord il nous fallait un lieu adapté à une affluence en hausse continue. Le projet permet de tripler la surface de la médiathèque, nous passons de 600 à 2000 m2. Par ailleurs, nous voulions disposer de suffisamment d’espace pour ne plus avoir à fermer ponctuellement des zones de travail ou d’études dès qu’il s’agit d’accueillir une exposition ou un spectacle pour enfants. Le nouveau projet s’articule autour d’une salle polyvalente de 200 m2, capable d’accueillir près de 150 spectateurs, sans que cela nuise aux autres activités dans les autres espaces.
Nous voulions aussi que la future médiathèque puisse jouer un rôle accru de lieu de rencontre pour les habitants. Notamment avec un espace enfants assez grand pour que les parents puissent s’y installer aussi avec des poussettes, se retrouver, passer du temps dans un meilleur confort.
Nous voulions enfin un lieu modulable, car les besoins évoluent sans cesse. Et il le sera puisqu’aucune cloison porteuse ne séparera les espaces intérieurs. La nouvelle médiathèque pourra être entièrement réaménageable si on le souhaite dans quelques années.
Quelles vont-être les principales nouveautés de la nouvelle médiathèque Elsa Triolet ?
Les horaires vont être élargis, pour s’adapter aux rythmes de vie et toucher un public encore plus large. Le numérique et les jeux vidéos occuperont une place de plus en plus grande. Notre travail de bibliothécaire va de plus en plus évoluer vers un accueil et un accompagnement autour du numérique. La lutte contre la fracture numérique est une mission importante des bibliothécaires.
La partie ludothèque va également s’étendre. Nous devrions d’ailleurs proposer le prêt de jeux de plateaux et à terme de jeux vidéos. Et puis la lumière du jour va entrer, avec une ouverture visuelle sur le quartier, qui fait qu’on verra l’intérieur de l’extérieur, comme une vitrine, et inversement. La nouvelle médiathèque ne tournera plus le dos au quartier.
Propos recueillis par aprim
Caroline Dilosquet a été interviewée pour le dossier «Le nouvel âge des bibliothèques ».
Lire l’intégralité du dossier «Le nouvel âge des bibliothèques » publié dans Perluète #12
Retrouvez les interviews des autres acteurs du dossier in extenso :
- Dorothée Lemonnier : Le télétravail, un nouveau modèle de médiathèque à Morteaux-Coulibœuf
- Laurine Miragliese : La médiathèque de Valdallière – Un lieu qui facilite la rencontre
- Emmanuelle Bitaux : La médiathèque d’Alençon invente de nouvelles relations avec son public
- Sophie Cornière : L’inclusion jusque dans les toilettes à la bibliothèque Saint-Sever de Rouen