Le 6 octobre 2022, Annie Ernaux recevait le prix Nobel de littérature. Près d’un an après, deux manifestations littéraires normandes ont permis de célébrer cet événement.
L’occasion de revenir sur les liens entre la région et l’œuvre de l’autrice née à Lillebonne.
Annie Ernaux est revenue dans sa ville natale, Lillebonne, le 30 septembre dernier, à l’occasion du deuxième festival du livre. Le lendemain, on a pu aussi la voir et l’entendre à l’abbaye de Jumièges, invitée du festival Terres de Paroles. Deux passages remarqués pour rappeler à quel point ces lieux imprègnent beaucoup de ses livres.
Yvetot est au centre de ses récits, à travers le café-épicerie tenu par ses parents. Présent dès son premier ouvrage, Les Armoires vides, il situe la démarche auto-sociologique creusée par Annie Ernaux dans le reste de son œuvre. À travers la description des conditions de vie, des rapports de classe ou encore de l’éloignement de la famille à travers les études, la ville prend un caractère universel. Annie Ernaux évoque encore ses liens avec Yvetot en 2013 dans Retour à Yvetot, publication de la conférence donnée aux Yvetotais en 2012 : « Comme ne l’est aucune autre ville pour moi, c’est le lieu de ma mémoire la plus essentielle, cette mémoire-là est liée à ce que j’écris, de façon consubstantielle. »
Rouen est également le théâtre d’expériences à la fois intimes et universelles. Annie Ernaux y poursuit ses études de lettres et, dans L’Événement, fait le récit de son avortement clandestin, qui vient rencontrer la mémoire collective. Le dernier roman publié par Annie Ernaux, Le Jeune Homme, situé à Rouen, évoque la passion amoureuse et les rapports de domination sociale.
Enfin, ses liens avec la Normandie sont aussi ceux du langage. L’écriture plate, caractéristique de l’autrice, est liée au monde ouvrier et paysan normand qui a été le sien afin de « retrouver les mots avec lesquels je me pensais et pensais le monde autour ».
Sophie Noël