Si curieux que cela paraisse, on doit à l’abbé Grégoire la paternité lointaine de l’enfer, pour avoir, à des fins pédagogiques, plaidé la conservation de quelques exemplaires des livres interdits pour immoralité par la justice, comme on rassemble des poisons dans les cabinets d’histoire naturelle. Il ne s’agissait donc pas de flatter les penchants pervers de quelques lecteurs avertis, mais de rassembler du matériau pour apprécier après coup, par les preuves de son contraire, la qualité morale d’une époque.
[Chronique] Le jour où j’ai appris à voler d’Indrek Koff
Un léopard qui prend la pose, un ours qui parle et un poisson qui s’indigne : avec cette série d’histoires pour enfants, parue chez l’éditeur caennais Passage(s), Indrek Koff ravit aussi les parents.
[Chronique] Retour à Blanchelande de Frank Lanot
Roman où se croisent des personnages délicieux et hauts en couleur, qui évoque notre extrême-contemporain en l’ancrant dans le temps long, Retour à Blanchelande est un livre réaliste et optimiste, malgré tout.
[Chronique] Les Clandestins du jour de Pierre Le Coz
Pierre Le Coz revient avec une fiction en forme de méditation poétique sur le monde qui nous entoure. Ce texte magnifique est jalonné de multiples questions, un vademecum réflexif, un usage du monde pour une liberté absolue, dans lequel l’écriture est à la fois une matière et une manière d’être.
[Chronique] Metal de Jānis Joņevs
Révélation de la littérature lettone, Jānis Joņevs signe un premier roman en forme de récit initiatique où la musique rock et metal est le sillon de toutes les premières fois. Au-delà de la résonance autobiographique, le témoignage contemporain d’une jeunesse avide de contre-culture.
[Coup de cœur de libraire] L’Arbre-Monde de Richard Powers
L’Arbre-Monde est le neuvième roman de Richard Powers traduit en français. Physicien de formation, l’auteur explore dans son œuvre les relations entre science, technologie et art, tout en étant un remarquable raconteur d’histoires.
[Coup de cœur de libraire] Balles perdues de Jennifer Clement
À travers le regard d’une enfant, Jennifer Clement relate la vie des oubliés de l’Amérique rurale, condamnés à vivre de petits boulots et de trafics en tout genre. Le texte est porté par une écriture remarquable, pleine d’humour et de poésie.
[Coup de cœur de libraire] Chien-Loup de Serge Joncour
Serge Joncour nous propose un roman dense, foisonnant, en osmose avec un paysage rude et sévère où les cœurs vont malgré tout s’exprimer. Une intrigue portée par une écriture charnelle et authentique. Tellement vraie que l’on envisage avec plaisir une version cinématographique.
[Coup de cœur de libraire] Évasion de Benjamin Whitmer
Dès les premiers instants, Benjamin Whitmer nous saisit par son style cru et expéditif, préférant souvent quelques dialogues percutants à un trop-plein de lyrisme, comme si ce qu’il souhaitait nous dire ne pouvait s’embarrasser du romanesque. Comme une confirmation de sa noirceur, l’unité de temps du roman se borne à la nuit, une seule nuit, décisive et haletante.
[Coup de cœur de libraire] La Chance de leur vie d’Agnès Desarthe
À s’y méprendre, ce pourrait être un roman américain dans la lignée des grands auteurs reconnus et aimés (d’ailleurs souvent traduits par l’auteure). Sauf qu’Agnès Desarthe parsème le récit d’une finesse d’analyse et d’une justesse romanesque qui font vibrer le lecteur d’empathie et de réflexions sur l’état de la France aujourd’hui.