Normandie Livre & Lecture met en valeur les acteurs et les projets aidés par le FADEL (Fonds d’aides au développement de l’économie du livre en Normandie).
En 2021, le studio Courte échelle a bénéficié de l’aide du FADEL pour financer une prestation de communication de l’agence Mauvaise Herbe. Au cours d’une brève interview, ils nous racontent leur expérience de ce dispositif.
© Studio Courte Échelle

Pouvez-vous présenter en quelques lignes votre maison d’édition ?

Le studio Courte échelle a été créé en 2017 par Alexandra Lafitte Cavalle, qui en est la responsable éditoriale, et François Belsoeur, directeur. Tous deux plasticiens, nous travaillons depuis longtemps autour de l’objet édité, en cherchant l’équilibre entre forme et contenu. Courte échelle prolonge cette action d’artistes-éditeurs, en solo, en duo ou en collaboration, toujours en ménageant une certaine porosité entre design et bande dessinée, texte et image, volume et papier. Nous développons ce catalogue de livres-objets, le plus souvent en imprimant et en façonnant les ouvrages au sein de notre atelier, nous concevons des expositions et des événements autour des pratiques de l’édition, et nous menons également des actions culturelles auprès de différents publics. 

 

Le fonds d’aides au développement de l’économie du livre en Normandie (FADEL) vous a permis de financer une prestation de l’agence Mauvaise Herbe. Pouvez-vous présenter ce projet ?

Depuis plusieurs années, la diffusion de notre catalogue repose essentiellement sur les salons – littérature, livre d’artiste, bande dessinée ou micro-édition – qui nous permettent d’exposer nos objets déployés, sur stand, dans un rapport direct avec le public. Avec la crise sanitaire, les opportunités se sont raréfiées, et nous avons sollicité Mauvaise Herbe afin de mener une réflexion sur d’autres solutions de diffusion, notamment en librairie. Elisabeth Tielemans nous a ainsi aidés à constituer une liste de libraires susceptibles d’accepter et de jouer avec la singularité de nos productions. Nous avons aussi réfléchi à des ajustements pour que certains titres soient plus adaptés au contexte d’une librairie : ajouter une jaquette mobile sur un leporello, par exemple, pour que le titre et le nom de l’auteur soient lisibles sur le dos de l’objet. Cela nous a notamment permis de travailler avec la librairie Sans Titre (Paris), ou bien avec les 400 Coups (Le Havre), qui revendiquent leur sensibilité au livre-objet. Le travail avec Mauvaise Herbe nous a également amenés à réfléchir sur des échelles différentes, grâce à un événement organisé par l’agence à La Villette (Little Villette, avec notamment Motus, Maison Eliza), lors duquel la présentation de nos ouvrages était prolongée par des ateliers de pratique artistique, ou bien en sollicitant le festival de la bande-dessinée d’Angoulême, qui a retenu notre candidature pour l’édition 2022. De manière générale, ce travail collectif nous a permis de bien cibler les attentes des libraires, et de préciser notre propre position.

 

Quel impact cette action a-t-elle eu sur votre activité professionnelle ?

Nous estimons que notre activité d’éditeur s’inscrit dans une tendance plus large, que nous appelons « slow édition » : une chaîne alternative du livre, dans laquelle tirage raisonné, production relocalisée et distribution directe inventent un équilibre différents. Equilibre écologique, en réduisant l’impact du stockage et du transport, et équilibre social, en permettant une répartition des droits plus avantageuse pour les auteur-e-s. Grâce au chantier mené avec Mauvaise Herbe, nous avons pu étudier de nombreux modèles de diffusion du livre, et constater que si il existe des libraires qui ont envie de s’adapter à l’économie ou aux formats de la slow édition, quasiment aucun espace n’est réellement dédié à ces pratiques. Cela nous a donc conduit à imaginer le nôtre, afin de diffuser notre catalogue et celui de nombreux slow-éditeurs normands, français, belges ou suisses. 

Sans l’aide du FADEL, auriez-vous pu travailler avec “Mauvaise herbe”?

Nous échangions de façon informelle sur ces problématiques avec Elisabeth Tielemans, mais le soutien du FADEL nous a permis de concrétiser rapidement et profondément cette aventure. Nous avons conscience d’évoluer un peu « hors-cases », c’est donc très précieux de bénéficier d’un dispositif tel que le FADEL, qui nous a permis de confronter et d’adapter notre modèle, en dialogue avec des professionnels du livre, tels qu’Elisabeth Tielemans, mais aussi Valérie Schmitt, les libraires… Intégrer les propositions alternatives dans l’économie régionale du livre, cela nous permet à tous d’échanger et d’évoluer. 

François Belsoeur, directeur de Studio Courte Échelle

 

Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’interview d’Elisabeth Tielemans, directrice de Mauvaise Herbe :

[Questions à …] Mauvaise Herbe, agence de relations presse et libraire près du Havre

[Soutenu par le FADEL] Studio Courte Échelle, éditeur havrais
Étiqueté avec :