Dorian Duron, référent BD pour les 13-18 ans à la Bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen a été interviewé pour le dossier « La BD explose les cases ».
Vous pouvez lire ci-dessous l’interview complète.
Le phénomène mangas
« Le public des adolescents et des jeunes adultes de Tocqueville se rue véritablement sur les mangas, qui représentent l’un des fonds les plus empruntés pour cette tranche d’âge. Dans une moindre mesure, les comics et les romans graphiques marchent bien aussi, notamment les « coming of age », ces histoires qui parlent du passage à l’âge adulte. »
Un rayon phare
« La BD est devenue un rayon phare dans les bibliothèques. Compte-tenu de la vitalité de l’édition, il faut y consacrer un budget conséquent pour être en mesure de renouveler le fonds. Chez nous, rien que pour les mangas, selon l’actu, cela peut aller jusqu’à 100 nouveaux titres par mois, auxquels peuvent s’ajouter une cinquantaine d’autres titres BD.
Ce rayon est l’objet de toutes nos attentions. Une réorganisation est d’ailleurs en cours à Tocqueville, avec la création d’un salon BD, dans un espace dédié en haut des gradins, où l’on trouvera exclusivement des mangas, des comics et l’univers para-BD. Les one-shots et les séries sont désormais séparés en bas des gradin, pour plus de visibilité. »
Une passerelle vers la lecture
« La BD fait aimer lire, pour moi il n’y a aucun doute là-dessus. Je suis venu au roman comme ça, par la BD et j’ai observé le phénomène chez d’autres. C’est une passerelle indéniable. Dans beaucoup de BD il est fait référence à des univers d’auteurs, des œuvres littéraires, à des artistes. C’est incitatif. La BD amène assez souvent vers le roman, d’ailleurs elle en adapte beaucoup. Je constate de plus en plus d’adaptations de classiques, de Kafka ou de Proust par exemple, mais aussi de romans de la rentrée littéraire, sans parler des BD historiques. »
Décloisonnement en cours
« La BD est de plus en plus médiatisée et il est devenu courant qu’un auteur ou une autrice fasse la couverture de grands magazines culturels. De plus en plus d’œuvres de bande-dessinée sont adaptées en séries ou en films. Le roman graphique se développe, et des auteurs comme comme Marjane Satrapi, Pénélope Bagieu ou Riad Sattouf, participent à ce décloisonnement. Ils peuvent amener à la BD des lecteurs de romans auparavant hermétiques. »
Propos recueillis par Laurent Cauville