"Il faut savoir se préserver"
Covid oblige, la disette culturelle affecte aussi les centres de détention, où la programmation est en sommeil. Pour garder le lien avec les personnes détenues, les coordonnateurs normands publient depuis un an une gazette trimestrielle dans tous les établissements, où se mêlent conseils de lecture, recettes de cuisine, jeux et concours… Mais la frustration est là, rien ne remplace le contact direct et les émotions partagées. À Cherbourg, par exemple, Cécile Garin ronge un peu son frein.
Détachée à 80 % par le Trident (scène nationale) sur un poste de coordonnatrice dans les maisons d’arrêt de Coutances et Cherbourg, elle a développé depuis 2014 une programmation avec une vingtaine de partenaires culturels « tellement impliqués que je dois les freiner », sourit-elle.
Son carburant ? « Tous ces moments de grâce glanés au fil des activités : les larmes d’un détenu en atelier d’écriture, l’émotion d’un autre qui découvre la musique classique… Des expériences qui peuvent les aider à se reconstruire. » À 36 ans, Cécile frôle parfois l’épuisement, certes. « Il faut savoir se préserver. Parce que ce métier est également plein de petites victoires qui nous rappellent à quoi l’on sert. »
Interview dans le cadre du dossier La culture fend les murs dans Perluète #07.