Son trait réaliste est aussi redoutablement efficace. Cyrille Ternon vient encore de le prouver avec le succès de son dernier album, Le Banquier du Reich (2 tomes), paru en 2020. Installé près de Caen, le dessinateur planche déjà sur de nouveaux projets.
Bio express
Février 1974 : Naissance à Harfleur
De 2002 à 2003 : Poser mon sac
(3 tomes), Le Cycliste
2005 à 2008 : La Compagnie des Glaces (6 tomes, studio Jotim), Dargaud
2009-2010 : Silien Melville
(tomes 1 et 2), Vents d’ouest
2011-2012 : La Conjuration des vengeurs (tomes 1 et 2), Glénat
2013-2015 : Private Liberty
(tomes 1 et 2), Vagabondages
2017 : Placerville, Glénat
2020 : Le Banquier du Reich
(tomes 1 et 2), Glénat
À l’âge où certains faisaient des bulles avec leurs chewing-gums, Cyrille Ternon les remplissait déjà avec son crayon... « L’envie de dessiner a toujours été là et ne m’a jamais quitté. » Devenu grand, il s’affûte avec des strips publiés dans To bulle or not to bulle, avant de croiser les planches de TieKo. Ensemble, ils créent leur fanzine, Bol d’encre. Un bon moyen de marquer les esprits. « Avec ce support, nous avons pu aller sur les festivals et montrer notre travail. »
Du Reich à Joseph Conrad
Repéré par les éditions Le Cycliste, Cyrille Ternon signe sa première bande dessinée, Post-Mortem, en 2001. Puis enchaîne les collaborations et les albums : polar, science-fiction, super-héros… « Ce que j’aime dans le dessin, c’est justement de pouvoir explorer des univers différents. Pour m’engager sur un nouveau projet, j’ai avant tout besoin d’une histoire que j’ai envie de raconter », analyse-t-il.
Dans le Banquier du Reich, dont les deux tomes sont sortis coup sur coup en 2020, il esquisse celle, sombre et méconnue, de Hjalmar Schacht, ministre de l’Économie du régime nazi, avec le journaliste Philippe Guillaume et le scénariste Pierre Boisserie. « Une série historique pour laquelle il fallait être extrêmement rigoureux. J’ai passé beaucoup de temps à me documenter, récupérer des images d’archives pour dessiner les personnages, les bâtiments, et même les voitures... » Un succès en librairie et déjà une quatrième réédition en cours.
Pas le temps de buller. À l’heure où nous le rencontrons, Cyrille Ternon démarre tout juste l’adaptation du roman de Joseph Conrad Nostromo, pour les éditions Delcourt… Un projet faramineux de 2 ans, 160 pages et de nombreux personnages pour le dessinateur, qui signera aussi les couleurs de ce nouvel album. « Un sacré challenge », admet Cyrille Ternon, qui compte néanmoins garder quelques cases dans son emploi du temps pour intervenir, comme il le fait chaque année, dans les écoles mais aussi en milieu carcéral, auprès des personnes détenues (lire aussi en pages 12 à 15). « Ces rencontres sont pour moi l’occasion d’apporter aux autres quelque chose avec le dessin. » Se projeter dans l’avenir, s’évader un peu, reprendre confiance en soi... Dessiner, pour changer de perspectives.
Christelle Tophin / aprim Caen