[Portrait] Céline Azorin – Tout terrain

Depuis ses débuts, l’illustratrice caennaise n’a de cesse d’explorer les techniques, les matières et les supports pour donner corps à ses créations.

Elle troque le papier pour du tissu, esquisse des formes avec de la matière, donne du volume à ses idées… « Plus jeune, je bricolais déjà beaucoup », sourit Céline Azorin. Au point d’éditer, à 14 ans à peine, un texte illustré qu’elle reproduit elle-même pour en vendre des exemplaires dans le quartier... C’est presque tout naturellement qu’à sa sortie des Beaux-Arts, elle intègre le magazine Oz, en tant que maquettiste et rédactrice. Et n’hésite pas à sortir de sa zone de confort lorsqu’en 2002 elle réalise l’affiche, les marionnettes et les décors du spectacle Le Jour de la lune, pour Papaq Compagnie. Leur collaboration s’étendra sur deux autres spectacles. « Sur scène, les contraintes sont très différentes. Les éléments doivent être à la fois esthétiques et maniables. J’aime les échanges constants et constructifs dans la Création d’un spectacle : chacun met son talent au service du projet et travaille dans la complémentarité », souligne cette touche-à-tout.

De l’édition aux salons

Tester, croiser, explorer. En 2006, l’illustratrice met un pied dans l’édition jeunesse avec La Planète Alphabet (chez Zinc éditions) puis sort, en 2009, Isidore dans les airs chez Acte Sud Junior. Un album très original, composé de mises en scène photographiques d’un personnage se baladant d’une page à l’autre dans un décor de plateau de jeu, confectionné selon des techniques variées : dessin, couture, modelage, découpage... Plus récemment, Céline Azorin a signé L’Amour lapin (Voce Verso), puis, en 2019, Bleue et Nukka et Ours (Zinc éditions), en utilisant cette fois une technique de papiers découpés. Des ouvrages qui l’emmèneront sur plusieurs salons littéraires, grand public (Caen, Montreuil, etc.) comme professionnels (Foire de Bologne, en 2016). « C’est là, entre les mains des lecteurs, que les livres prennent vie. Ce sont aussi des temps de rencontre riches avec d’autres illustrateurs et des éditeurs », savoure l’illustratrice.

Sérigraphies en série

La sérigraphie occupe aussi une place importante dans le parcours de Céline Azorin. Membre de l’atelier de sérigraphie l’Encrage depuis 2006, elle a contribué à plusieurs ouvrages collectifs édités par l’association. Elle s’est aussi lancé un défi fou : imprimer sur tissu des histoires pour enfants. Petits bijoux de créativité et de poésie, Promenons-nous dans les bois, Aller-Retour et Pirouette-Cacahuète naissent successivement sur sa table d’impression entre 2007 et 2011. Céline Azorin vient de réaliser en 2020 avec Hélène Balcer une collection baptisée ToTem. Des estampes en sérigraphie aléatoire et combinatoire sur le thème du masque « dans sa dimension originelle, spirituelle, universelle ». Une série aussi colorée qu’envoûtante. « Ce qui m’intéresse, ce sont les formes croisées. » Plusieurs de ces ToTem ont déjà rejoint le fonds des œuvres de l’Artothèque de Caen, tandis qu’à Bayeux, le Radar les accueille pour une exposition depuis le 15 janvier... Leur voyage ne fait que commencer.

Christelle Tophin / aprim

 

Site Internet : celineazorin.ultra-book.com