Le FADEL (Fonds d'aides au développement de l'économie du livre en Normandie) vient en aide aux acteurs du livre en région. Emmanuelle Moysan, responsable des éditions Le Soupirail, a bénéficié de ce dispositif. Elle raconte son expérience.
Pouvez-vous présenter en quelques lignes votre maison d’édition ?
Nous publions de la littérature française et étrangère contemporaine à raison de 5 à 7 titres par an, principalement de la fiction et quelques textes de poésie. Des voix importantes, portées par un univers d'écriture littéraire et exigeant, un travail sur la langue et le rythme, que les éditions Le Soupirail dénichent et souhaitent faire découvrir au public. Côté étranger, à ce jour, vous trouverez de la littérature des Balkans (Grèce, Roumanie, Bulgarie) et d'autres pays européens (Italie, Iles Canaries, Espagne, Lituanie) ainsi que des pays de l'Orient et Asie centrale (Syrie, Iran, Afghanistan).
Pouvez-vous présenter le (les) projet(s) aidé(s) par le fonds d’aides au développement de l’économie du livre en Normandie (FADEL) ?
L’aide porte sur des capsules vidéos de 5 minutes environ qui sont des portraits d’écrivains du catalogue de la maison d’édition. Ils sont interviewés sur leur parcours et leur rapport à l’écriture et à la création.
C'est un projet qui s'inscrit dans une certaine continuité puisqu'antérieurement nous avions produit 3 films de 20 minutes dans la collection "L'aube des mots" sur des écrivains de la maison (Constantin Mateescu, Christian Dufourquet et Ronald C Paul/ entre 500 et 1270 vues) mais afin de rendre plus facile et plus court le visionnage, il a semblé nécessaire de réfléchir à un format plus resserré (d'environ 5 minutes), plus facile à diffuser sur les réseaux sociaux.
L’idée m’est venue à la suite d’une formation à N2L sur les booktrailers, qui sont des produits intéressants mais très peu adaptés à notre message de communication et à notre politique d'auteurs : le format était trop court (2/3 minutes) et purement publicitaire avec presque pas de contenu ; ceci dit, nous avons décidé de nous en inspirer. Voilà comment sont nées ces capsules vidéo de 5 minutes dans une série "Les funambules" de la collection L'Aube des mots. J'ai travaillé avec le même réalisateur Vanya Chokrollahi dont je connais le travail et l'esthétique : je prépare des questions pour l'interview de l'écrivain, une sorte de fil qui le guide et l'amène à évoquer un certain nombre de choses, le réalisateur recueille des images dans des lieux coutumiers de l'auteur, capte sa parole, puis cela nécessite tout un travail bien évidemment de montage (images, son, musique) de manière à ce qu'à l'image on puisse approcher une personnalité et un univers. Par ailleurs, je laisse aussi Vanya libre sur sa proposition et d'ailleurs on sent sa trace dans son "écriture de l'image" avec le choix des plans, de la musique etc.
On peut retrouver ces vidéos sur la chaîne youtube de la maison d'édition.
Quel impact cette action a-t-elle eu sur votre activité professionnelle ?
Les vidéos permettent de rendre les œuvres vivantes et elles vont durer dans le temps. Nous pourrons les réutiliser pour la promotion des livres, dans les librairies, bibliothèques, établissements scolaires par exemple. Le format court permet davantage de capter l’attention et de faire circuler l’information pour communiquer autour de l’écrivain. De plus, les images constituent une richesse de patrimoine puisqu'elles appartiennent à la maison d’édition.
L’impact se mesure notamment grâce au nombre de vues sur notre chaîne Youtube. Par exemple, la vidéo sur La célébration du lézard, le premier roman de Quentin Margne, compte pour le moment 718 vues, ce qui est bien.
L’impact peut aussi être observé avec les personnes rencontrées au cours des salons. Mais on doit penser l'image comme un outil de communication accompagnant les titres publiés.
L’aide du FADEL a-t-elle été déterminante pour votre projet ?
L’aide du FADEL a été essentielle parce que c’est un travail supplémentaire à l'édition, complémentaire, qui prend du temps ( de conception et de suivi : écouter les bandes son, voir un ou deux montages, faire ajuster etc.) et demande une certaine organisation , car c’est tout un processus : il faut caler les dates, prévoir les déplacements, le temps de montage, quand poster les vidéos… Cela permet surtout au projet de s’inscrire dans le temps avec ces dix capsules vidéos. Sans le FADEL, nous n’aurions pas pu concevoir cela dans la continuité et comme une marque d'identité forte de nos auteurs/ et traducteurs, car c'est aussi une manière de les valoriser..
À ce jour, trois ont été postées (Quentin Margne, Valdas Papievis, Mahmoud Chokrollahi), trois autres sont actuellement en cours de révision de montage (Franck Magloire, Florence Courriol, Krassimir Kavaldjiev).
Emmanuelle Moysan, maison d'édition Le Soupirail