« Les Boréales parlent de toutes les écritures »

Le directeur artistique du festival décrypte la pluridisciplinarité du festival Les Boréales, une particularité très nordique qui fait aujourd’hui l’ADN de sa programmation à la veille de fêter ses 30 ans en 2022.

Pourquoi avoir donné très tôt une dimension régionale au festival Les Boréales ?

Jérôme Rémy © Franck Castel

« A la base, il y a 30 ans, quand le festival est né à l’Université de Caen, notre idée était de proposer à Caen un week-end autour de la littérature nordique. Rapidement, nous avons saisi que la culture nordique a une résonance qui va bien au-delà et porte sur toute la Normandie ; et que proposer des rencontres avec des auteurs internationaux un peu partout sur le territoire avait beaucoup de sens. Nous avons donc décidé d’élargir le cercle pour créer une onde qui rayonne le plus largement possible, tout en gardant le temps fort caennais.

Cette volonté est le point de départ du lien très fort tissé au fil du temps avec les médiathèques, les bibliothèques, parfois des centres de détention de Normandie. Les bibliothèques jouent parfaitement le jeu depuis le début. En 30 ans, elles ont constitué un fonds unique en France d’ouvrages nordiques, en s’intéressant au sujet tout au long de l’année. »

Pourquoi avoir élargi le festival de la littérature à toutes les formes d’art ?

« En construisant une programmation qui englobe aussi de la danse, de la musique, du cirque, du cinéma ou du théâtre, nous voulions faire en France ce qui se fait souvent en Scandinavie, ou chaque domaine artistique équivaut à un autre. En Scandinavie, qu’il s’agisse de jazz, de culture hip hop, d’opéra ou de littérature, tout participe d’une éducation culturelle globale. De la même manière, le festival a dépassé la littérature pour aborder les écritures, au sens large, qu’elles
soient littéraires, théâtrales, photographiques, musicales…

Finalement, l’intérêt de cette programmation pluridisciplinaire, c’est d’embarquer le public dans une aventure de dix jours, dans laquelle chacun pourra picorer. On peut venir y chercher du polar nordique et se retrouver scotché par une expo, aller voir de la danse et repartir avec un livre sous le bras ou participer à un cours de tricot nordique… On peut ainsi emmener le public pas forcément là où il voulait aller. Dans ce sens, Les Boréales proposent une sorte de dérive heureuse, où l’on enchaîne les expériences et les découvertes. C’est une forme de liberté très nordique. »

 

Propos recueillis par aprim

[Questions à…] Jérôme Rémy, directeur artistique du festival Les Boréales