Yves-Marie Clément est un des auteurs qui participe au projet Digi’Climat, porté par la Région Normandie, en partenariat avec Normandie Livre & Lecture.

Ce projet numérique lie un auteur de la région à un établissement scolaire autour de l’écriture d’une nouvelle inédite traitant des enjeux de l’écologie et de l’urgence climatique. Ce projet rejoint les préoccupations de Normandie Livre & Lecture qui propose depuis 2020 une réflexion régionale autour de l’écosystème du livre et de son impact écologique (social, matériel et symbolique).

Ainsi, après avoir proposé aux auteurs du projet Digi’Climat de regarder de courtes vidéos pédagogiques réalisées par le GIEC Normand, Normandie Livre & Lecture leur propose d’interroger le métier d’auteur et l’écosystème du livre à l’horizon 2100. Ils nous livrent, à travers ces interviews, des propos inspirants.

 

Au regard des synthèses réalisées par le GIEC normand (Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), pensez-vous qu’en 2100 les conditions de vie impacteront les thématiques d’écriture et l’acte créatif ?

Depuis une dizaine d’années, avec une accélération depuis peu, je constate que les thématiques environnementales sont de plus en plus traitées par les écrivains, surtout pour la Jeunesse. Est-ce le regain d’un effort pédagogique ? Est-ce l’envie de tirer pour la énième fois la sirène d’alarme ? Est-ce parce que les livres du genre marchent plutôt bien ?

Pour ma part, j’ai été bercé par les écrits de René Dumont et cela fait plus de 30 ans que je tente de réconcilier l’Homme avec le Vivant à travers mes récits. J’ai peut-être participé à toucher ma cible. Parfois. C’est mon espoir. En 2018, par exemple, j’ai publié un polar pour les adultes : l’or assassin, (co-auteure Nathalie Clément) pour dénoncer la mise à sac de la forêt guyanaise par les chercheurs d’or, et le projet écocide « Montagne d’or ». Le respect du Vivant sous toutes ses formes, c’est mon cheval de bataille et ça le restera. L’art pour dénoncer… Je pense que les auteurs et les artistes de demain s’empareront eux aussi des problématiques de leur époque.

 

À votre avis, en vous projetant sur les scénarios décrits par le GIEC en 2100, quels seront les impacts de cette crise écologique sur la filière du Livre ?

Difficile de répondre à cette question. Continuera-t-on à écrire pour distraire et divertir, pour soustraire les esprits aux vrais problèmes ? Les écrivains « engagés » (même si je n’aime pas trop cet adjectif) auront-ils toujours le droit à la parole ? Aura-t-on vécu une révolution venue des générations montantes désireuses de sauver la planète ? Le livre, objet papier, existera-t-il toujours ? Je me pose aussi la question des écrans, déjà omniprésents dès le plus jeune âge. Qu’en sera-t-il dans plusieurs décennies ? Quelle place pour la réflexion, la pensée, la véritable communication ? Les écrans ne font-ils pas qu’accentuer la rupture entre l’Homme et la Nature ? C’est la vie par procuration, qui dépolitise complètement le citoyen et le rapproche des extrêmes. Quel avenir pour le livre dans ces conditions ?

 

Comment résonne en vous la participation au projet Digi’Climat ?

Pour moi, c’est l’action en plus, qui permettra peut-être de faire encore avancer la réflexion, et peut-être de faire prendre des décisions. Je ne sais pas quel sera l’impact de notre engagement, mais je crois qu’il faut jouer le jeu et garder espoir. 

 

Selon vous, quels moyens les auteurs aujourd’hui ont pour agir et faire évoluer la situation ?

Pour ma part, je mets un peu de côté certains projets d’écriture et je m’intéresse de plus en plus aux thématiques environnementales. Le temps presse !

 

Propos recueillis par Cindy Mahout

[Questions à…] Yves-Marie Clément dans le cadre du projet Digi’climat