Rarement un jeune territoire avait autant mis en avant la culture dans sa stratégie de développement.
L’agglomération Lisieux Normandie, née en 2017, l’a fait, avec Vents de culture. Ce schéma pour 2019-2025 est le fruit d’une concertation inédite, tant auprès des acteurs que des habitants.
Laurent Cauville / aprim
Une cinquantaine d’associations et de partenaires consultés, plus de 110 interviews individuelles, 600 participants au fil de neuf rencontres citoyennes et plus de 2 000 réponses aux questionnaires auprès des habitants, le tout sous le pilotage d’un cabinet extérieur... La jeune communauté d’agglomération de Lisieux Normandie (53 communes, 77 000 habitants) s’est donné les moyens d’entendre les idées de tous pour élaborer un schéma culturel à la hauteur des enjeux du territoire. Baptisée Vents de culture, la démarche a été rondement menée, entre l’été 2018 et mars 2019, date où le schéma a été adopté à l’unanimité des élus. « Le délai était court, ce qui nous a évité de nous disperser, nous a permis de garder un rythme et de cristalliser un maximum d’avis sans perdre trop de monde en route », commente Mathilde Leroux-Hennard, directrice de la culture à l’agglo et pilote des opérations.
« Un ingrédient pour se construire »
Un tel niveau de concertation situe l’ambition du projet. Deux ans après sa création, Lisieux Normandie voulait un cap clair en matière de culture, sur un territoire aux stratégies morcelées, voire inexistantes en la matière. « Notre idée de départ, c’est de faire de la culture un élément de développement pour ce territoire, au même titre que l’économie, le tourisme ou l’environnement. C’est un ingrédient essentiel, elle doit aider le citoyen de demain à se construire, à s’épanouir là où il vit. » Bref, une stratégie qui dépasse le seul objectif de « faire tourner des équipements, mais impulse une politique de terrain, incitant au croisement de toutes les disciplines artistiques, partout et pour tous, qui permette aussi de mieux travailler ensemble sur des projets collectifs, de laisser plus souvent des cartes blanches aux habitants ».
Vents de culture c'est...
9 rencontres sur l’ensemble du territoire rassemblant plus de 600 personnes
Plus de 2 000 réponses aux questionnaires (dont un millier de jeunes)
Un cabinet spécialisé pour mener la consultation (Créaction)
Quatre piliers issus des avis des habitants :
- une offre enfance jeunesse au premier rang
- une offre à l’écoute des habitants
- une culture qui valorise le territoire
- une culture créatrice de liens
Une nouvelle offre pour la lecture publique
Tourbillonnant autour de quatre piliers exprimés par les habitants (lire ci-contre), les Vents de culture ont fait émerger 18 objectifs, qui se traduisent déjà en actions concrètes depuis l’an dernier : création d’un guide de ressources pour enseignants et professionnels de l’enfance, agenda collaboratif, nouvelle offre tarifaire...
Côté livre et lecture, les intentions ne manquent pas, mais le déploiement des actions reste conditionné au recrutement (en cours) d’une nouvelle direction pour le pôle de lecture publique. « Nos objectifs sont connus : une offre en lecture publique mieux implantée, mieux structurée et mieux harmonisée », résume Mathilde Leroux-Hennard.
Traductions concrètes à court terme ? « Nous réfléchissons à un catalogue commun, avec un service de portage des documents, à un plan de coopération entre bibliothèques, à leur transformation pour qu’elles deviennent aussi des lieux de vie, de convivialité, à un meilleur accès aux supports numériques... » Un vaste chantier pour lequel il faudra maintenir l’adhésion large qui s’est exprimée jusqu’à maintenant.
L’avis de la libraire
« Nous sommes des acteurs de la programmation »
À Lisieux, Anne-Sophie Baert a repris la librairie Les Grands Chemins en octobre dernier. Avec l’envie d’affirmer son rôle de partenaire et d’acteur du calendrier culturel.
« Le partenariat entre la librairie et la médiathèque, située à deux pas, est enclenché depuis plusieurs années déjà. J’espère vivement le poursuivre. Chacun de nous valorise ce que fait l’autre et ces interactions sont essentielles évidemment. L’idée d’une plus grande concertation pour une offre cohérente me plaît tout autant. Nous sommes un acteur de la programmation à part entière : nous faisons fréquemment venir des auteurs ; nous proposons des ateliers, j’ai des projets avec le Tanit-Théâtre et j’espère pouvoir perpétuer en octobre prochain le Salon de la BD créé par la librairie en 2017. J’ai la chance d’avoir une clientèle complice, très demandeuse d’initiatives. Bref, je pense qu’avec un équipement comme la médiathèque, il y a encore beaucoup de belles choses à imaginer. »