Dans le cadre de son projet autour de l’écologie du livre, Normandie Livre & Lecture a décidé de donner la parole à des acteurs engagés du territoire qui œuvrent à leur manière pour un écosystème du livre plus social, plus solidaire et/ou plus durable. Ils nous livrent, à travers ces interviews, des propos inspirants.

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Vous venez de recevoir en octobre 2021 le prix Livres Hebdo de la petite bibliothèque. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Ce prix est la reconnaissance d’un travail mené depuis 3 ans. Il met sous les feux des projecteurs la médiathèque et par ricochet la politique culturelle de la ville de Fontaine-Etoupefour. Il met aussi en lumière la dynamique qui règne dans l’équipe de bénévoles qui m’accompagne et qui me permet d’affirmer que nous avons « tout d’une grande » !

 

En tant que « petite bibliothèque » est-ce que vous considérez la proximité avec les lecteurs comme essentielle ?

C’est primordial et j’y attache une grande importance. Non seulement, j’insiste pour que les membres de l’équipe aillent au-devant des lecteurs, mais je le fais aussi pour recueillir leurs impressions, leurs attentes, les informer, les motiver à venir faire des rencontres d’univers différents. Il est plus facile de connaitre plus ou moins tous les lecteurs quand proportionnellement le nombre d’usagers est plus petit. Mais je suis convaincue que la proximité se joue essentiellement dans l’état d’esprit d’ouverture, la volonté d’aller à la rencontre du locuteur. C’est un travail et un effort quotidien que d’aller à la rencontre. Que la médiathèque soit grande ou petite la tentation de la facilité est la même et l’énergie requise est identique. Le facteur n’est pas la quantité mais la qualité. 

 

Est-ce qu’être une « petite » bibliothèque est un avantage pour aller vers plus de proximité ?

Certainement, notre médiathèque n’est pas soumise au marché public pour les acquisitions de documents alors nous pouvons aisément travailler avec la librairie la plus proche depuis juillet 2021 « La page qui tourne » de Verson.
Quand nous organisons nos événements, nous achetons nos produits chez les commerçants de la commune et on s’y rend à pied.

 

Vous avez également postulé cette année au prix IFLA de la bibliothèque verte, qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

C’est grâce au groupe de travail sur le livre et l’écologie initié par Normandie Livre et Lecture auquel j’ai participé qu’est venue la motivation de postuler à ce prix. Notre médiathèque était la seule française sélectionnée sur la longue liste avant la désignation finale du lauréat. Nous avions entrepris un grand nombre de manifestations, d’initiatives avec un angle porté sur la relation avec le monde qui nous entoure et les actes pour le préserver. Il faudrait que les bibliothèques françaises s’expriment davantage par ce biais pour faire connaître leurs actions.

 

Pouvez-vous nous présenter différentes actions mises en place au sein de la médiathèque pour être plus éco-responsable ?

Nous avons développé un fonds de documents sur l’écologie, organisé des cafés lectures sur le thème du jardinage. Nous avons ouvert la médiathèque à l’extérieur : des lectures dans le jardin, des expositions d’artistes, des ateliers. Nous avons fait en sorte de ne pas rester entre les 4 murs, de vivre avec la nature et l’environnement de Fontaine-Etoupefour nous le permet. 

Nos livres désherbés et les dons ont une deuxième vie car nous les donnons à une entreprise éco-citoyenne. Nous essayons par de nombreux petits gestes avec les bénévoles en interne de faire attention au tri, d’éteindre les écrans d’ordinateurs, de ne pas gâcher le papier et l’utiliser pour du brouillon, veiller à imprimer les documents de communication au fur et à mesure des besoins, lors de temps conviviaux, utilisé des tasses ou autre vaisselle lavables et réutilisables. Pour notre récent espace « Actualités », le mobilier fixe de rangement des revues est un concept de caisses simples certifié 100% « gestion durable et raisonnée des ressources naturelles ».

 

Est-ce une action propre à la médiathèque ou répondez-vous à une demande des élus/du public ?

Il faut à la fois répondre aux attentes du public et proposer des nouveautés vers lesquelles le public n’irait pas forcément mais qui, mis à portée de main incite leur curiosité à découvrir autre chose. Satisfaire et surprendre sont deux actions extrêmement réjouissantes.

Les élus sont à l’écoute et sont favorables à cette direction de développement durable. Ils soutiennent mes demandes et très récemment, tout le système de luminaire de la médiathèque a été changé afin de réduire la dépense énergétique et par la même agir contre le changement climatique. Le bâtiment a été construit en 2012 aux normes Basse Consommation pour un faible impact environnemental. Des aménagements extérieurs adaptés aux nouveaux modes de transport sont proposés à nos publics : des casiers à trottinettes « trottibox » et des parcs à vélos pour inciter les usagers à se déplacer autrement pour venir à la médiathèque. Les actions en faveur de l’écologie sont inscrites dans le projet d’établissement.

 

Comment essayez-vous de sensibiliser le public à ces questions d’éco-responsabilité ?

Nous communiquons sur les objectifs de développement durable de l’agenda 2030 par le biais des cubes où l’on peut lire les propositions de l’ONU. Ils sont présentés dans les rayonnages, sur les tables. Nous avons installé une grainothèque dans nos rayonnages de livres. Nous avons organisé des balades botaniques, des ateliers artistiques mélangeant les matières végétales et les matériaux de récupération, invité des artistes engagés dans la préservation de l’environnement. Un temps fort « Vert d’avril : en avril coupe ton fil » est le rendez-vous annuel pour proposer un concentré d’événements sur le thème de l’écologie dans l’idée qu’il faut agir pour sauver la planète.

 

Est-ce que vous travaillez avec des partenaires autour de cet engagement pour l’éco-responsabilité ?

Nous avons travaillé avec le Syvedac (Syndicat pour la valorisation et l’élimination des déchets de l’agglomération caennaise) et la Communauté de Commune de la Vallée Orne Odon, autour d’une exposition de robes confectionnées à partir de déchets plastiques, par des élèves du Lycée Laplace de Caen. Nous renouvellerons ce partenariat encore l’année prochaine.

 

Avec un souci pour la proximité et l’éco-responsabilité, considérez-vous la médiathèque de Fontaine-Étoupefour comme une médiathèque écologique (sociale, solidaire et durable) ?

Sociale : Nous créons du lien : les habitants se rencontrent autour de nos diverses manifestations.

Solidaire : nous invitons les personnes à réfléchir lors de débats sur les problématiques communes telle l’éducation avec le Réseau parentalité.

Durable :  Dans la mesure où nous créons le lien qui souligne que nous avons besoin les uns des autres, ou nous proposons des réflexions sur des sujets qui engage l’avenir, la médiathèque intègre le critère de durabilité.

Tous les acteurs de la chaine du livre qui ont participé aux différents groupes de travail sur l’écologie du livre organisés par Normandie Livre et Lecture nous ont fait prendre conscience que nous pouvions travailler ensemble pour la préservation de l’environnement, c’est vraiment une cause commune dans laquelle chacun peut s’engager.

 

Propos recueillis par Marion Cazy

En savoir plus sur la médiathèque de Fontaine-Étoupefour

[Questions à…] Olivéra Lajon, responsable de la Médiathèque de Fontaine-Etoupefour
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