Dans le cadre de son projet autour de l’écologie du livre, Normandie Livre & Lecture a décidé de donner la parole à des acteurs engagés du territoire qui œuvrent à leur manière pour un écosystème du livre plus social, plus solidaire et/ou plus durable. Ils nous livrent, à travers ces interviews, des propos inspirants.

© Le Rêve de l’Escalier

Depuis quand existe la librairie d’occasion Le Rêve de l’Escalier à Rouen ?

La librairie existe depuis 1997, elle a 25 ans cette année-ci.

 

Est-ce vous qui l’avez créée ? Si oui, pourquoi ? 

Non, je l’ai reprise il y a 15 ans et je l’ai fait évoluer vers un lieu pluriculturel en créant des passerelles avec différents lieux extérieurs et en créant des animations récurrentes dans la librairie.

 

D’où viennent tous les livres que vous proposez (dons des particuliers, des bibliothèques, autre) ?

Ce sont des achats qui sont faits à des particuliers. Je n’achète jamais aux associations et bibliothèques car j’estime que leur « désherbage » doit profiter aux particuliers et non aux professionnels.

 

Avez-vous besoin de faire un tri parmi les ouvrages proposés à votre librairie ?

Oui, bien sûr, pour éviter de stocker trop et surtout pour être aux plus près des demandes de mes clients et en adéquation avec l’actualité culturelle (cinéma, TV, musique, etc.).

 

Pour vous, un livre d’occasion c’est : un livre écologique, un livre vivant, un livre chargé d’histoires, autre chose ?

Un livre vivant avant tout car il se transmet et chargé d’histoires car souvent on se rappelle l’occasion à laquelle on l’a acheté et parfois ça éveille des souvenirs (bibliothèques de parents ou grands-parents, etc.). Le caractère écologique n’a pas d’impact.

 

Quel est le profil de votre clientèle ? Avez-vous remarqué une évolution de cette dernière avec la prise de conscience écologique ?

Le profil est hétéroclite. Il va de la petite enfance, à l’étudiant, à la mère de famille, au retraité. Aucune vision écologique n’est ressentie.

 

Selon vous, est-ce qu’une librairie d’occasion est une réponse à la crise climatique ?

Non. Elle répond à un besoin pécuniaire avant tout, sociétal de transmission mais un livre d’occasion n’est pas un livre recyclé, c’est un livre transmis.

 

Personnellement, que faites-vous de vos livres ? Vous les remettez en circulation ou vous les conservez dans votre bibliothèque ?

J’en donne beaucoup aux associations, j’en mets dans les boîtes à livres et j’en fais profiter via le « livre en attente » que j’ai créé et pour lequel je suis reconnu en France.

On paie un livre pour quelqu’un d’autre qui n’a pas les moyens de se l’offrir.

 

Comment est née justement cette idée de livre en attente ? 

D’une discussion avec un ami qui m’a dit : « il existe le café en attente et pourquoi pas le livre ? ».

 

Dans la question d’écologie du livre nous ne comprenons pas simplement la préservation de l’environnement mais aussi l’écologie sociale et solidaire. Aviez-vous alors en tête que votre création était tout à fait écologique ?

Oui sociale, solidaire mais pas il ne s’agit pas de la préservation du livre en tant qu’objet.

 

Avez-vous beaucoup de personnes qui accèdent à la lecture grâce au « Livre en attente » ? 

Oui certains mais l’attrait du livre vient surtout du temps qu’on consacre aux autres. 

 

Pensez-vous que ce concept pourrait fonctionner dans une librairie de livres neufs ?

Tout est possible mais je pense que ça ne fonctionnerait pas autant car il est plus aisé d’offrir un voire deux livres à 2 € plutôt qu’un livre à 8 € pour un livre format poche neuf ou 21 € pour un grand format neuf.

 

Propos recueillis par Marion CAZY

[Questions à…] Michaël Feron, gérant du Rêve de l’Escalier à Rouen
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