Paris – Hong Kong – Dieppe. L’itinéraire d’une vie se trace parfois à coups de crayons aux couleurs et épaisseurs différentes. Du design textile aux livres pour enfants, l’illustratrice Valérie Michel a su patienter pour se trouver et publier. 2020 est pour elle une année charnière.

Les falaises, l’air iodé et la lumière de Dieppe sont le décor de la nouvelle vie de Valérie Michel. C’est là que, depuis six ans, l’ex-designeuse, un peu globe-trotteuse, a posé ses crayons. La Parisienne d’origine a assemblé sur les bords de Manche une belle collection de souvenirs d’enfance. « Mes grands-parents avaient une maison ici. » Et comme l’immobilier y était abordable, elle a choisi le port normand pour entamer en 2014 un nouveau chapitre de sa vie.

Six ans plus tard, Valérie Michel commence enfin à cueillir les fruits de sa détermination. « J’ai passé quelques années à me débattre, comme tant d’autres. Quand on commence sans réseau, en n’ayant jamais été publiée, c’est encore plus compliqué, analyse-t-elle. Et puis c’est un métier très mal payé. »

Depuis trois ans, les planètes s’alignent gentiment au-dessus de sa tête. Un premier contrat aux éditions Le Grand Jardin en 2018, puis un second livre chez Courtes et Longues l’an passé (lire la « bio express »). Actuellement, l’illustratrice finalise les crayonnés de son troisième ouvrage, La Fourmi, l’oiseau et le vaste monde (Courtes et Longues) sur des textes de Niels Thorez. Son style détaillé et poétique devrait y faire merveille.

 

Des textes dans les tiroirs

Malgré le report en avril prochain du Salon de Bologne, où elle était illustratrice accompagnée par Normandie Livre & Lecture (1), 2020 ressemble à un tournant. « Je ne veux pas brûler les étapes, je dois d’abord m’affirmer encore en tant qu’illustratrice », insiste Valérie. Cette patience s’est forgée au long d’un parcours aux expériences multiples.

« Enfant, je rêvais de dessiner et raconter des histoires, mais j’étais timide. Alors j’ai choisi un métier à la fois créatif, technique et artisanal, comme un compromis pour ne pas assumer un statut d’artiste. » Entre 2002 et 2013, Valérie va ainsi explorer de multiples facettes du textile automobile au stylisme produit pour la grande distribution. « Et puis un jour de 2013, à 35 ans, et après quatre années en poste à Hong Kong, j’ai pensé que c’était le moment de m’exprimer enfin par le dessin. »

À 42 ans, l’illustratrice se rêve désormais aussi autrice. Dans ses tiroirs, des textes attendent d’être remodelés, avant d’espérer trouver l’oreille bienveillante d’un éditeur. Mais aucune urgence. Valérie Michel, à l’image de son trait méticuleux et patient, n’est pas de nature à brusquer les choses et les gens.

 

Laurent Cauville / aprim

 

Site internet : http://valeriemichel.com

 

Bio express

1978 Naissance à Paris

2002 Diplômée de l’école des arts décoratifs (ENSAD)

2018 Signe La Girafe (éd. Le Grand Jardin), son premier ouvrage, pas encore diffusé

2019 Sortie de L’Oiseau-lyre, avec Nancy Guilbert (éd. Courtes et Longues)

2021 Participera en avril à la Foire du livre de Bologne en tant qu’illustratrice invitée par Normandie Livre & Lecture

(1) Chaque année, 12 jeunes illustrateurs français, dont un normand accompagné par Normandie Livre & Lecture, participent à la Foire du livre de Bologne, premier salon professionnel pour l’édition jeunesse. Une découverte des acteurs et du paysage du secteur. L’édition 2020 a été reportée en avril 2021.

[Portrait] Valérie Michel – Trajectoire bien dessinée