Les bibliothèques luttent contre la fracture numérique
Lorsque la pandémie de Covid-19 a frappé, début 2020, avec l’école à distance, le télétravail, les téléconsultations, les démarches et déclarations en ligne, le commerce électronique, ou encore l’accès à la culture sur Internet, de très nombreux Français ont été perdus en route. Selon une étude de l’Insee de 2019, l’« illectronisme » touche 16,5 % de la population française. Quelque 13 millions de Français sont ainsi éloignés des pratiques numériques.
Si, lors du premier confinement, les bibliothèques ont fermé leurs portes afin de limiter la transmission du virus, les services essentiels qu’elles fournissent n’ont en revanche pas été interrompus. Au contraire, les bibliothécaires se sont mobilisés et se sont concentrés sur le service à apporter au public, amplifiant leur engagement à garantir l’accès des personnes au savoir et à l’information.
En Normandie, les Départements, à travers les médiathèques départementales, ont mis leur offre numérique à disposition de la population, inscrite ou non dans une bibliothèque. Des milliers d’habitants ont ainsi pu profiter, de chez eux, d’une offre culturelle variée (livres, titres de presse, vidéos, applications ludo-éducatives…). Les bibliothèques municipales ont également augmenté leur offre numérique, et développé des services à distance pour accompagner leurs publics dans leur utilisation (tutoriels, vidéos, assistance téléphonique).
Outre la mise à disposition d’offres numériques, la crise sanitaire aura permis aux bibliothèques de développer davantage l’accompagnement numérique des usagers, renforçant durablement leur rôle en matière d’inclusion numérique.
À Maromme (76), un service civique a été recruté pour accompagner les habitants dans leur prise en main des outils numériques et leurs démarches administratives. L’action « SOS informatique » s’est ainsi développée, in situ et hors les murs de la bibliothèque, en partenariat avec les services sociaux et éducatifs de la Ville.
À Argentan (61), l’aide numérique se fait en partenariat avec la Ville via les permanences d’une animatrice « médiation citoyenne », plusieurs demi-journées par semaine. En temps de confinement, des rendez-vous individuels sont proposés.
De nombreuses bibliothèques se sont emparées de la possibilité offerte par l’État, qui finance la formation et le déploiement de 4 000 conseillers numériques. Ces embauches pourraient bien susciter des réflexions ultérieures sur les actions et les compétences à mobiliser, affirmant le rôle des bibliothèques dans la lutte contre la fracture numérique.
Alexandra Guéroult-Picot