Ça commence comme une blague, celle que veut faire le narrateur à l’ami qu’il vient chercher pour aller à la piscine et qui va être pris à son propre piège jusqu’à être témoin d’une scène de harcèlement sexuel.
Chez Karlsson, on passe du sourire, au rire jaune et même au rictus de malaise. On retrouve chez bon nombre de personnages un cheminement de la pensée qui, doucement, les enferre, les enferme pour finalement les affranchir de la réalité qui les entoure, par mensonge, par omission…
Il en est ainsi de Karin, qui se fait appeler Kerstin lors d’un premier rendez-vous et ne sait finalement plus comment avouer cette coquetterie ; de Fredrick, qui, par suite de vantardise, s’exclut intérieurement du drame qui se joue entre ses hôtes ; ou encore de l’ami parfait avec lequel on n’a peut-être aucun passé commun.
Le non-dit et le malentendu sont de mise, pour notre plus grand plaisir.
L’Ami parfait, recueil de nouvelles de Jonas Karlsson, Actes Sud
Arnaud Dujeancourt
L’Encre marine
19, rue Paul-Bignon – 76260 Eu
J’ai aimé aussi…
• Un été avec Kim Novak, de Håkan Nesser (Seuil). 1960. Deux ados s’apprêtent à vivre un été « du tonnerre »… mais un crime l’interrompt soudain. Un roman lumineux.
• Tête de chien, de Morten Ramsland (Gallimard). Cette saga truffée de personnages truculents instaure une véritable mythologie familiale haute en couleur.