Un pur moment suspendu
En quelques mois, Cécile perd les trois femmes de sa vie. Quelle idée de mourir en hiver quand on aime les tulipes, et au printemps quand on aime les passiflores. Et surtout quelle idée de mourir en série alors que Cécile est enceinte.
Les fleurs aussi ont une saison raconte l’histoire de ces deuils successifs, vécus en même temps que cette maternité qui s’annonce. Ce roman graphique évoque la douleur, la perte, mais aussi une infinie douceur et les rires qui fusent au milieu des larmes... Car la force de la narratrice, Cécile, est cette indéniable force de vie que lui ont transmise ses aînées et qu’elle va transmettre, à son tour, à l’enfant qu’elle porte.
Ce si beau titre est évocateur. Nous effeuillons les pages autant que la narratrice effeuille les pétales des fleurs préférées des femmes de sa vie. Nous sommes touchés, bouleversés, face à ce drame tragique qui se joue devant nous, tout autant que par l’humour et la joie de vivre qui se répand dans tous les interstices des lignes de ce livre.
Camille Anseaume et Cécile Porée, toutes deux en Normandie, mêlent magistralement leurs talents pour donner vie à cette histoire et retranscrire cette émotion à fleur de peau. À la beauté et la force des illustrations de Cécile Porée répondent, tout en harmonie, les textes si finement ficelés de Camille Anseaume. Deux talents assurément à suivre.
Les fleurs aussi ont une saison, œuvre comme une ode aux aînées parties, aux enfants rieurs, récit d’une infinie tendresse où, si mort et maternité se mêlent, nous ne retenons que la vie qui avance.
Mots choisis
« Ma mère avait mal choisi sa date pour mourir. C’est bien connu, quand nos fleurs préférées c’est les tulipes, on évite d’être enterrée en décembre.
On ne pense pas à ça, avant d’organiser pour la première fois un enterrement : les fleurs aussi ont une saison, et parfois ce n’est pas la bonne. »