Inspiré de faits réels, Un cœur en sourdine plonge le lecteur entre la France et le Canada, entre passé et présent.
Mots choisis
« Elle voudrait exprimer son chagrin, réparer sa blessure, rattraper le temps perdu. […] Le bon moment pour se confier ne s’est jamais présenté pour Marie, mais l’heure est venue d’avouer comme pour un crime, dissimulé, caché, tu. Pour un crime il y a prescription, tandis que pour l’abandon d’un enfant, l’éternité ne suffit jamais. »
Comment fait-on lorsque le passé, que l’on tente d’enfouir dans sa mémoire, refait surface irrémédiablement, au risque de bousculer la vie que l’on a construite depuis ?
C’est face à ce dilemme que sont confrontés nos personnages et, particulièrement, Marie.
Il y a longtemps, il y a eu la guerre, il y a longtemps, il y a eu l’amour également. La guerre a séparé Marie de John, parti sur le Front en Normandie, plus jamais revenu, parti sans laisser de trace.
Un cœur en sourdine met en lumière une période douloureuse de l’histoire du Canada, celle des abandons, nombreux, d’enfants, et permet d’évoquer l’implication du Canada dans le conflit de la Seconde Guerre mondiale et notamment sa participation active dans les opérations du Débarquement en Normandie.
Le duo formé par John, le Canadien Français, et Wendigo, l’Amérindien, permet de décrire les réalités de la guerre, de redécouvrir la Normandie sous la chape de plomb de l’Occupation, puis du Débarquement.
Il permet surtout d’évoquer un pan peut-être moins connu de l’histoire canadienne : la politique discriminatoire et d’assimilation imposée à une partie de la population canadienne, à savoir les Amérindiens. Cet ostracisme à leur égard, atteignit son comble, en autorisant le rapt d’enfants, de bébés amérindiens, pour les confier à d’autres familles canadiennes les coupant ainsi de leurs origines, de leur langue et de leurs traditions. Combien d’enfants ont-ils été séparés de leurs familles ?
Ce roman parle aussi d’amour, familial, conjugal, du premier amour, et de l’amour filial, lien indéfectible, qui s’immisce partout dans ce texte, à travers les différentes histoires des personnages qui s’entrecroisent.
Il met particulièrement en avant le personnage de Marie ou comment une femme est traversée de questionnements, de remords, tiraillée entre sa vie actuelle et ce qu’elle a laissé derrière elle, un douloureux secret qu’elle tente d’apprivoiser.
Il est temps pour elle de regarder le passé en face, d’écouter son cœur, qu’elle a mis, trop longtemps, en sourdine.
Cindy Mahout
Un cœur en sourdine, Alexandra Pasquer, Éditions Préludes, Octobre 2020
Alexandra Pasquer
D’origine franco-canadienne, Alexandra Pasquer a grandi en région parisienne avant de devenir journaliste de presse écrite puis directrice de la communication, tout en assouvissant sa passion pour l’écriture. Son premier roman, Les Tamalous est paru en 2015 aux éditions Fortuna. Il transforme les septuagénaires en héros pour changer le regard porté sur nos aînés et a reçu le Prix du roman de la ville de Rambouillet en 2017. Son deuxième roman, Les Chicoufs est paru en novembre 2017 aux éditions Fortuna. Il poursuit l'exploration des liens intergénérationnels en mettant en scène des grands-parents, leurs enfants et leurs petits-enfants de façon inhabituelle.
Installée dans le Perche, Alexandra Pasquer se consacre désormais pleinement à l'écriture en Normandie.