On se souvient du sketch des Monty Python, opposant philosophes grecs et philosophes allemands lors d’un match de football au Stade de Munich durant les Jeux olympiques de 1972.
Pourquoi, ces mêmes philosophes ne s’essaieraient-ils pas aujourd’hui à un autre sport tout aussi populaire, le cyclisme ?
Guillaume Martin, cycliste professionnel et parallèlement diplômé d’un Master de philosophie imagine dans Socrate à vélo, l’épopée estivale qu’est le Tour de France de manière originale en mêlant à la fois cyclistes professionnels et « vélosophes ».
Construit en deux parties, cet ouvrage accorde autant d’importance à la préparation de la course qu’à l’épreuve en elle-même qui se déroule sur trois semaines. Les questions que se posent Socrate, Platon, Aristote ou encore Pascal et Marx sont autant de questions qui se posent à Guillaume Martin lorsqu’il est sur un vélo. Doit-on mettre en opposition l’intelligence de l’esprit et l’intelligence du corps ? Être un grand champion n’est-il pas le résultat d’un bon équilibre entre un effort physique et une activité intellectuelle finement maitrisés ?
À travers son expérience personnelle et des anecdotes pertinentes et amusantes, Guillaume Martin revient sur les a priori vis-à-vis de l’image du sportif bête et irréfléchi (Rocky Balboa montant sans but les marches du Philadelphia Museum of Art est une belle allégorie), mais également sur son sentiment d’être considéré comme une bête de foire au sein du peloton et de répondre toujours aux mêmes questions posées par les journalistes.
La deuxième partie du livre se consacre au déroulement de l’épreuve, basé sur le parcours du Tour de France 2017. Partant de Düsseldorf, l’équipe d’Allemagne se doit de faire bonne figure lors de ces premières étapes. Contrairement à l’équipe grecque qui est une équipe composée exclusivement de vélosophes, l’équipe d’Allemagne, managée par Albert Einstein regroupe à la fois des professionnels imaginaires mais que les adeptes du cyclisme reconnaîtront (Jan Ullrig, Erick Zadel ou encore Jens Vogt) et des philosophes tels que Kant, Marx ou Freud.
Mots choisis
« Imaginez Socrate, Aristote, Pascal, Nietzche et consorts sur la ligne de départ. Suivez leur préparation pour le Tour de France, la plus prestigieuse épreuve cycliste au monde, à laquelle ils ont été conviés. Partagez leurs doutes, leurs idées. Réfléchissez à leurs côtés. Pédalez avec ces drôles de sportifs, ces coureurs philosophes, ces « vélosophes » - comme la presse s’amuse à les appeler ».
Entre réflexion, stratégie d’équipe des vélosophes grecs ou stratégie individualiste de Nietzche, les vingt-et-une étapes sont décortiquées de manière à satisfaire à la fois puristes et néophytes, que ce soit en cyclisme ou en philosophie, et à montrer, comme le rappelle Guillaume Martin que « l’effort physique n’est pas l’ennemi de l’activité intellectuelle ».
Stéphane Ronarc’h