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Une échappée littéraire 

François David est né et habite dans le Cotentin, plus précisément à Urville-Nacqueville où il a fondé en 1988 les éditions møtus, désormais dirigées par Pierre Lenganey. Auteur lui-même, on lui doit de nombreux ouvrages, aussi bien pour la jeunesse que pour les adultes, et l’angoisse de la page blanche ne semble pas prête d’arriver ! Fin 2021 paraissent en effet trois textes : Mes parents sont un peu bizarres et Quel Bonheur ! (littérature jeunesse), ainsi que Quatre pousses de riz vert (poésie pour adultes).

Sur chaque page, quatre vers, forme brève qui permet de saisir l’instant et n’est pas sans rappeler le haïku japonais. Au gré des jours qui passent les paysages se mêlent à l’espace urbain, les rues de Hanoï permettent à l’auteur d’aborder les us et coutumes de ses habitants. Références historiques et littéraires sont insérées dans ce présent que nous connaissons bien, celui de la pandémie et des masques. Seules les fleurs, qui déambulent à vélo, ont le visage au vent : « Les rues de Hanoï / les fleurs se déplacent / à vélo / elles seules démasquées » (p.7) Vous l’aurez compris, toujours fin et subtil, l’humour est bien présent : « Vingt-cinq mille dongs pour un euro / et pour quarante / un million de dongs / Vietnam pays riche » (p.10) Le jeu est aussi sonore (belles allitérations p.20) et visuel : le yang, principe actif et symbole de lumière, est présenté à la verticale, tandis que le yin, associé au froid et à la lune, git à l’horizontale en bas de page 18.

Discret, François David n’utilise que peu le « je » et, quand il le fait, il n’hésite pas à se moquer de lui-même : « Venu pour le photographier / c’est lui qui m’a pris en premier / touriste arroseur numérique / arrosé » (p.85). Le lecteur se glisse avec facilité dans ses pas, et le retour au pays, qui se rapporte aux derniers vers, ne se fait pas sans mal. La chute, de toute beauté, est à la fois physique et morale. Nul doute : vous n’en sortirez pas indemnes !

Mots choisis

« Contrairement à ce qu’on dit

au Vietnam

on ne mange pas les chiens

uniquement ceux du voisin »

(p.46)

Morgane Rohel, Bibliothèque Alexis de Tocqueville

[Chronique] Quatre pousses de riz vert de François David