Fleuve fatal

L’auteur jeunesse signe ici son premier roman pour adultes, et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Il cueille un groupe d’adolescents de 17 ans et leurs moniteurs, à peine plus âgés qu’eux, lors d’un pique-nique au bord de la Loire, le dernier jour d’une colonie de vacances.

Il fait chaud. Les adultes sont détendus et pensent déjà avec nostalgie à la saison qui s’achève. Les ados profitent des derniers instants partagés, des dernières complicités, des derniers moments de l’enfance finalement... Ce dernier jour est aussi celui des dernières occasions de se défier, ou de s’offrir un moment de solitude loin du groupe pour explorer le château à côté, qui semble abandonné, ou peut-être pas... Quand soudain : « On va se baigner ? Quelqu’un dit ça. »

Mais il en est du fleuve comme des protagonistes, calme en apparence et agité de remous sous la surface. Adolescents et adultes se débattent avec leurs propres démons et leur passé.

Le lecteur est happé dès les premières pages par le style, par la narration très maîtrisée où à la fin toutes les intrigues se rejoignent dans les tourbillons aqueux du fleuve.

S’inspirant du drame de Juigné-sur-Loire, pendant l’été 1969, Guillaume Nail joue avec les nerfs du lecteur, qui attend le drame, au fil des pages, sans savoir ni qui ni quand il frappera. Mais avec le titre comme avertissement, il ne peut pas dire qu’il n’aura pas été prévenu.

 

Valérie Schmitt

Mots choisis

« Cette vérité connue intimement, règle sacrée que nul n’oserait questionner. Que chacun porte en chœur. On ne se baigne pas dans la Loire. Ni printemps, ni été, ni même un doigt de pied. »

© Denoël
[Chronique] On ne se baigne pas dans la Loire de Guillaume Nail