Vingt-cinq ans après la sortie de In Utero de Nirvana, Palem Candillier rend hommage – en l’analysant titre par titre – à un album qui a marqué le mouvement grunge et toute une génération.
Troisième et ultime album studio de Nirvana, In Utero, sorti en septembre 1993 – soit quelques mois avant la mort du chanteur – n’est, selon Palem Candillier, ni un retour aux sources de Bleach (1989), ni une réponse anticonformiste au succès commercial de Nevermind (1991), mais plutôt un album à approcher « comme un corps que le groupe ne cesse de modeler avec sa musique, et Kurt Cobain avec ses mots ».
L’auteur, lui-même musicien et chanteur de rock, retrace l’histoire ou plutôt les histoires de cet album devenu mythique mais trop souvent perçu comme une œuvre testamentaire de son leader. De sa conception à sa sortie dans les bacs, In Utero connaît une gestation parsemée d’embûches, ces dernières étant autant dues aux excès de Cobain, qu’à une mauvaise ambiance au sein du groupe au début de l’enregistrement.
Prise en main par Steve Albini, producteur de Pod ( Breeders) de Surfeur Rosa (Pixies), la production de l’album redonne à In Utero une sonorité brute, en adéquation avec l’esprit punk du groupe.
Au final, dix-huit titres seront enregistrés (douze seront retenus pour l’album) aux Pachyderm Studio à Cannon Falls dans le Minnesota, ceci dans un isolement total et loin des dealers et de toute tentation. « Pas une bière, pas un joint », d’après le bassiste Krist Novoselic. Même si cet album est loin d’être parfait, ces imperfections sont assumées, non seulement par le groupe, mais également par la production. Il n’en sera pas de même pour les responsables du label David Geffen Records qui le considèrent comme raté et inaudible, et qui du point de vue commercial, pensent qu’il n’est pas au niveau d’un Smells Like Teen Spirit.
Après de nombreux remous et débats médiatiques autour de la soumission ou non de Nirvana aux exigences du système, un accord entre Nirvana et le label sera trouvé, et ce ne sont finalement que deux titres qui seront remixés pour l’enregistrement (All Apologies et Heart-Shaped Box).
De Serve the Servants à All Apologies, on (re)découvre sous la plume experte de Palem Candillier l’univers d’In Utero grâce à la profondeur des textes et des compositions de Kurt Cobain ; un univers complexe à la fois teinté de souffrances physique et mentale, mais bien souvent abordé avec dérision et humour.
Stéphane Ronarc’h
Nirvana : In Utero, Palem Candillier, éditions Densité