Hélène Balcer est illustratrice, pratique qu’elle enseigne à Caen, où elle vit. Un jour d’août 2015, par l’entremise d’amis, elle rencontre Jean-Paul Bassaget. Lui est marin et ancien capitaine au long cours de La Calypso, le bateau du Commandant Cousteau. Hélène propose à Jean-Paul de mettre en image son parcours sur mer et sur terre, c’est le point de départ de l’album Le Ksar.
De cette relation naissent des échanges de vues que la dessinatrice met en exergue de la biographie dessinée. L’histoire commence à Valparaiso en 1956, Jean-Paul a 18 ans et sa destinée professionnelle est quelque peu chaotique avant qu’il n’intègre l’école de la marine marchande de Marseille au début des années 60. C’est alors qu’il décroche un poste à l’Institut Océanographique de Monaco en vue de devenir capitaine de La Calypso. Mais après une décennie à sillonner les flots, de l’Alaska au Bélize, c’est d’une mer de sable à laquelle le marin aspire. À bord d’une Land Rover et au bras de sa femme Claude, un temps accompagné de son coéquipier Michel, Jean-Paul va faire le tour de l’Afrique. De La Mauritanie au Cap, une nouvelle décennie commence pour l’homme qui ira jusqu’à travailler dans le forage pétrolier off-shore de la « France-Afrique ». La finalité : construire son bateau, un voilier Joshua comme celui du navigateur Bernard Moitessier.
C’est la naissance du Ksar, du nom des bâtisses fortifiées observées par Jean-Paul Bassaget durant son périple saharien. À bord de son vaisseau, le marin sortira presque indemne d’une tempête mais le Ksar devra être restauré avant de voguer pour l’Antarctique en 1983. Jean-Paul Bassaget croise le chemin d’Eric Tabarly puis de Nicolas Hulot, contribuant ainsi à populariser la ville d’Ushuaïa où il s’installe avant de renoncer aux sirènes de la notoriété pour croisiéristes en mal de sensations fortes. Soucieux de la préservation de l’environnement, le capitaine se tourne vers d’autres horizons en créant la fondation Finistère, vend son bateau pour se construire une maison écologique et continuer à échafauder des projets...
Le Ksar est plus qu’une bande-dessinée, c’est un beau-livre de dessins, hommage à un « sacré personnage » aujourd’hui octogénaire, qui accompagne l’illustratrice pour promouvoir son premier roman graphique, drôle, touchant et haut en couleur.
Séverine Garnier