Désir de liberté
Dans cette saga familiale captivante, l’autrice danoise Maren Uthaug fait une plongée dans les tréfonds de l’humanité, là où le désir ardent de liberté côtoie les plus sombres pulsions de destruction.
Uthaug. Petit village norvégien coupé du monde, au fond d’un fjord battu par la pluie et les vents. C’est ici que vivent Johan, Marie et leur fille, Darling, les trois voix aux aspirations opposées qui vont nous conter leur sombre destinée.
Johan a été prévenu : pour être gardien de phare, il faut être marié. Car seul, isolé dans sa tour encerclée d’eau, la folie ne tarde pas à vous gagner. Mais pour Johan, la compagnie d’une femme ne va pas suffire. Peut-être son grand amour de toujours, la belle Hanna, aurait-elle pu le rendre heureux, mais la vie en a décidé autrement et c’est Marie qu’il doit épouser. Une fois cette destinée volée, rien n’y fera. Ni l’arrivée de leur fille, Darling, ni celle de leur fils, Valdemar. Quant à Marie et Darling, elles aussi avaient d’autres projets, mais quel prix sont-elles prêtes à payer pour les réaliser ? Amours contrariées, désir fou de liberté, espoirs déçus, les frustrations sont immenses. Et les vengeances cruelles. Dans un microcosme infesté de tabous et de non-dits, le poids des secrets est lourd, et ils peuvent tuer à petit feu...
Maren Uthaug nous transporte dans cette micro-société où les âmes troublées sont le reflet de la nature déchaînée. On se retrouve rapidement fasciné par ce huis clos bouleversant à l’écriture sobre mais marquante. Chacun des personnages nous offre sa version de l’histoire, d’une histoire intime marquée dans sa chair, dans les moments lumineux comme dans la noirceur. Une œuvre parfois dérangeante, mais aussi profondément belle et touchante.
Coline Huchet
Mots choisis
" D’ici quelques petites heures, la marée recouvrirait entièrement le récif et les vagues lécheraient les murs du phare. Il s’en éloigna autant que l’eau le lui permettait, puis se retourna pour observer la tour qui se dressait, rouge et fière, vers le ciel bleu. Il avait toujours aimé ce bâtiment. […] Le seul phare octogonal de Norvège.
À vrai dire, il n’en était pas certain, mais il avait pris l’habitude de s’en vanter, les rares fois où des étrangers passaient par ici. Ce phare lui appartenait, il leur laissait le hareng. " (p. 13)
Là où sont les oiseaux – Maren Uthaug, Gallmeister, 2021 [Traduit du danois par Marina et Françoise Heide]