« La vie, c’est l’eau, la vie, c’était l’eau. »
Avec Bleue, deuxième tome de sa quadrilogie écologique, Maja Lunde nous interroge sur notre façon de vivre et de consommer. À travers deux histoires bouleversantes, l’auteure tente de réveiller les consciences grâce à l’imaginaire et l’empathie. La première se déroule en Norvège, en 2017, où Signe s’engage à soixante-sept ans à sauver son glacier natal. La deuxième, en 2041, nous raconte le combat de David, réfugié climatique français, qui se bat avec sa fille Lou pour survivre dans un monde où l’eau devient très rare. Au fil de la lecture, nous comprenons que les temporalités des deux histoires sont liées.
La fiction peut changer les mentalités. Bleue, publié en France en mai dernier, s’inscrit dans un tout nouveau registre littéraire « climate fiction ». Il désigne ces romans très réalistes ayant pour thématique les conséquences du dérèglement climatique sur nos vies. Alarmant, visionnaire et très humain, ce roman nous plonge dans des réalités dont nous ne sommes pas (encore) nécessairement témoins. L’empathie éprouvée pour les protagonistes de Bleue participe à nous faire prendre conscience de l’urgence du moment, et incite à réfléchir sur le monde que nous allons laisser derrière nous, à nos enfants et aux générations futures.
J’ai lu Bleue à l’ombre, pendant que le soleil caniculaire du mois de juillet brulait la terre. Au même moment, on posait une plaque à la mémoire du glacier Okjökull - premier glacier islandais à avoir été englouti par le réchauffement climatique. Les circonstances étaient réunies pour plonger entièrement dans l’univers alarmant de Bleue. J’ai été touchée par l’écriture de Maja Lunde, par sa manière très visuelle de raconter et de lier ces deux histoires sur un sujet d’une actualité si brûlante. Un roman à lire de toute urgence.
Mots choisis
« La vie, c’est l’eau, la vie, c’était l’eau. Où que je pose mon regard, il y avait de l’eau. Elle tombait du ciel en flocons de neige ou gouttes de pluie, elle abreuvait les petits lacs des montagnes, elle reposait sous forme de glace sur Blåfonna, elle roulait sur les versants abrupts des collines, formait des milliers de ruisseaux qui donnaient naissance à la rivière Breio, elle s’étirait au pied du village le long du fjord qui, vers l’ouest, devenait océan. Mon monde était fait d’eau. » (p. 16)
Lara Spelsberg
« Bleue » de Maja Lunde, Presses de la Cité, 2019.