Plages toxiques

Avec cette BD coup de poing, la journaliste Inès Léraud et le dessinateur Pierre Van Hove nous livrent un véritable dossier à charge sur le phénomène des algues vertes en Bretagne, scandale écologique et sanitaire meurtrier et trop longtemps tu.

Les marées d’algues vertes apparaissent à la fin des années 1980 sur le littoral des Côtes-d’Armor, dans la baie de Saint-Michel-en-Grève. Un joggeur est retrouvé sans vie et des propriétaires de chiens signalent à la mairie le décès soudain de leurs animaux à proximité de la plage concernée. Le coupable ? Le H2S (hydrogène sulfuré) émanant des algues vertes. Ainsi, au total, au moins une quarantaine d’animaux et trois hommes auront trouvé la mort, dont le dernier en 2009, un homme chargé de transporter des bennes d’algues vertes.

Les médecins ont tenté d’alerter les pouvoirs publics, des quotidiens régionaux se sont interrogés sur ces décès suspects dès la fin des années 1980. En vain. Ils se sont heurtés au silence des autorités qui n’ont reconnu la toxicité des algues vertes qu’en 2009.

Mais d’où vient ce phénomène ? Et pourquoi les pouvoirs publics ont-ils pendant longtemps réfuté leur toxicité et tardé à y apporter une solution ? Pour tenter d’expliquer ce scandale écologique et sanitaire, il faut remonter quelques décennies en arrière et comprendre l’évolution de l’agriculture en Bretagne. Le lecteur est ainsi replongé dans les lois de modernisation agricole des années 1960, dans l’essor de l’industrie agroalimentaire et dans les coulisses des lobbies. Élevage intensif, agroalimentaire, tourisme, conflits d’intérêts sont les ingrédients de ce cocktail mortel.

Ce livre choc et courageux fait la synthèse de plusieurs années d’enquêtes qui s’appuient sur des témoignages, des documents scientifiques, judiciaires et journalistiques, dont certains sont reproduits en annexe.

Valérie Schmitt

Mots choisis

" Chaque année, de mai à septembre, avec les beaux jours, des milliers de tonnes d’algues vertes envahissent les plages du littoral breton. Quand elles ne sont pas ramassées, les algues vertes s’accumulent sur les plages en couches, pouvant aller jusqu’à 1,50 m d’épaisseur.

Elles se décomposent en 48 heures. En surface, elles sèchent, deviennent blanches et se confondent avec le sable. Elles forment alors un piège parfait. Car au-dessous, en se putréfiant, elles développent un gaz ultratoxique qui se concentre sous forme de poches. L’hydrogène sulfuré ou H2S. Il est connu pour son odeur d’œuf pourri. […] Et tue aussi rapidement que du cyanure. "

[Chronique] Algues vertes, l’histoire interdite d’Inès Léraud et Pierre Van Hove