Né à Port au Prince (Haïti) en 1983, Makenzy Orcel est poète et romancier, il abandonne l’université après des études de linguistique pour se consacrer à l’écriture. Il est l’auteur du roman très remarqué Les Immortelles (2010) pour lequel il reçoit le Prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres. En janvier 2016, Makenzy Orcel publie son 3e roman, L’Ombre animale (Éditions Zulma). Cette œuvre lui vaut plusieurs prix en 2016, dont le prix Louis-Guilloux et le prix Littérature-monde. En 2017, il est fait Chevalier des Arts et des Lettres de la République française. Son 4e roman, Maître-Minuit, a séduit la critique, ainsi que Une boîte de nuit à Calcutta co-écrit avec son ami Nicolas Idier, paru chez Robert Laffont.

Makenzy Orcel en atelier d’écriture au Collège Paul Harel de Rémalard © Patrick Bard

En résidence d’écriture à la Slow Factory (Moulin Blanchard – Nocé (61) de septembre 2020 à janvier 2021

Makency Orcel travaille à partir de témoignages comme il l’a fait pour Les Immortelles en Haïti avec les prostituées pour construire un récit du séisme qui a ravagé le pays. Reconnu pour la puissance de son œuvre poétique, il est chevalier des arts et des lettres et lauréat de plusieurs prix dont le Thyde Monnier de la SGDL. Il a également bénéficié d’une bourse de résidence à l’IMEC en Normandie.

Il est l’invité de Patrick Bard pour cette résidence à la suite de sa complicité avec son mentor Jean Claude Charles, grand poète haïtien et acteur de la Revue noire. Le propos en est de provoquer des échanges entre l’auteur et les habitants qui déboucheront sur une création poétique dans la lignée de ses œuvres précédentes.

 

Au cœur de ce mois de décembre, Makenzy Orcel s’est prêté au jeu de notre interview, nous le remercions.

 

En préambule, pourriez-vous rappeler, en quelques lignes, le sujet du projet d’écriture que vous avez commencé ou poursuivi en résidence ?

Je travaille sur plusieurs projets. Ça a toujours été le cas depuis plus d’une dizaine d’années, je corrige les épreuves d’un roman en écrivant à côté un recueil de poèmes, ce va-et-vient me permet de livrer ma parole, travailler la langue à des niveaux et des rythmes différents. Je viens de terminer un roman qui sort en mars 2021, ce roman est une remise en question de la figure de l’autorité à travers la religion, la famille, la politique, la pensée, etc., et un recueil de poèmes sur les thématiques de l’enfermement et du vide existentiel.

 

Est-ce qu’il s’agissait de votre première résidence ?

Non, j’en ai déjà fait plusieurs, en France et ailleurs.

 

Pourquoi avoir choisi ce lieu de résidence ?

La découverte d’un nouveau lieu fait rêver… Quand Patrick Bard m’a parlé de ce projet de résidence, j’ai dit oui tout de suite, mais je n’étais jamais venu dans Le Perche avant.

Exposition du sculpteur Pierre Tual au Moulin Blanchard / Le champs des impossibles, Nocé, juin 2020 © Patrick Bard

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans le fait d’être en résidence ?

Pour moi, une résidence prend tout son sens quand l’auteur ou l’artiste invité arrive avec un projet, est soulevé par l’envie d’habiter ce nouveau lieu, de rencontrer les habitants, et surtout d’écouter. Le temps est précieux pour un écrivain, et ici, dans le cadre de ce séjour littéraire, ce temps est offert non seulement, mais en plus des moyens sont mis à ma disposition pour le rendre agréable et profitable.  

 

Comment votre résidence vous a aidé dans votre projet d’écriture ?

Etant lui-même écrivain, Patrick Bard trouve les bons mots, a les bons réflexes et fait les bons choix pour que tout se passe bien. Ce séjour m’a permis de travailler vite et bien.

 

Aviez-vous des appréhensions/ des doutes sur votre projet qui ont pu être résolus pendant cette période ?

Avec le recul et le travail, les appréhensions, les doutes, qui sont des sentiments normaux, finissent par s’estomper, mais toujours est-il que – je reviens à la notion du temps – ce temps de macération, de réflexion, inhérent à l’écriture d’un livre, ne soit pas perturbé par autres choses. Pendant cette période j’étais entièrement disponible pour réfléchir à la conduite de mon projet d’écriture.

 

Dans le cadre de votre résidence, quelles sont les rencontres qui vous ont marquées ?

Il m’était difficile de rencontrer grand monde, à cause de la transe, l’intensité de travail dans laquelle j’étais ces derniers temps, mais les rares rencontres que j’ai faites étaient remarquables et enrichissantes. Il est évident qu’il y a un potentiel artistique/culturel matériel et immatériel dans Le Perche à exploiter, protéger, encourager. Et aussi, c’est un véritable lieu de passages.  

Makency Orcel avec les enfants des familles de migrants dans les locaux d’ATD Quart monde avec Nogent Terre d’accueil © Patrick Bard

Pourriez-vous décrire un moment fort de votre résidence ?

Depuis mon arrivée ici, le grand moment fort ne change pas, c’est le ciel du Perche, j’en ai pas déjà vu plus magnifique. J’avais promis de ramener ma lunette astronomique (oui, je suis un lecteur assidu du ciel) pour pouvoir l’observer avec mes nouveaux amis, mais le travail a pris le dessus, mais ce n’est que partie remise.

 

Quelle suite pour votre projet d’écriture ?

Le roman sort en mars, et le recueil de poèmes dans le courant de 2021

 

 

Propos recueillis par Cindy Mahout

 

Retrouvez plus d’informations sur le site du Moulin Blanchard

 

[Questions à…] Makenzy Orcel en résidence à la Slow Factory (Moulin Blanchard)
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