Littérature de terroir, littérature régionale... Longtemps la littérature qui parlait du monde paysan et depuis ce monde a souffert d’une forme de mépris.
Parlant d’un « texte terroir tout terrain », Aurélie Olivier, autrice du magnifique recueil Mon corps de ferme renverse le stigmate et donne voix et corps à un monde silencié, acteur et première victime des bouleversements écologiques.
Uppercut poétique publié chez les formidables Éditions du commun, Mon corps de ferme dit ce que fut une enfance rurale à l’ère de l’agroalimentaire : la mise au pas des corps et des paysages, l’injonction à produire et l’accusation de détruire.
L’autrice dit aussi l’attachement à cette vie, l’impossibilité d’y échapper totalement et invente une langue pour dire un monde où humains et animaux doivent se plier au rythme si particulier de la ferme où la mécanique et les pesticides mettent au pas les vivants :
« Entre-temps, tâches assignées, journées remplies
Comme on fait leurs lits, les vaches se couchent
Les nuits indistinctes sont pour les rêves épuisés
Tant et si bien qu’on dirait de près
Que les exploitants sont les exploités
Que les exploités sont les exploitants
Que les bêtes de somme mènent le troupeau »
J’ai aimé aussi…
- La Vie têtue de Juliette Rousseau – Cambourakis. Un texte bouleversant qui interroge ce qui compose une lignée de femmes, ses douleurs comme ses attachements.
- Un chien à ma table de Claudie Hunzinger – Grasset. Un roman magnifique qui invite à devenir forêt et à abolir les frontières entre les vivants. Une merveille.
- Les Sources de Marie-Hélène Lafon – Buchet-Chastel. Magistral ! Un roman tout en précision et en tension pour dire une histoire de la violence et de la peur.
Marie Lorin
Librairie Un autre pays
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