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Le roman nous entraîne dans le monde de la culture trans latino-américaine, attachante et survoltée. Il raconte des femmes, au ban de la société. Elles font le trottoir dans le parc Sarmiento, à Cordoba, en Argentine, puis se réfugient chez Tante Encarna, matriarche fantasmagorique qui a presque un siècle, et leur ouvre sa maison. L’arrivée d’un bébé abandonné, baptisé Éclat des yeux, fera naître de l’espoir et beaucoup de bonheur dans cette communauté.

L’écriture de Camila Sosa Villada est belle, le ton fascinant, sans exagération ni apitoiement.

Elle raconte juste leurs vies, sa vie, en 200 pages qui bouleversent nos certitudes. Le roman ne nous épargne rien : les difficultés de la prostitution de rue, le quotidien douloureux et excessif de ces ultra femmes, fragiles derrière leur fantaisie et leurs talons aiguilles.

L’autrice nous aide à comprendre, une bonne fois pour toutes, que leur condition n’est pas choisie mais bien subie. Un roman qui sort des sentiers battus, à lire ne serait-ce que pour rencontrer celles dont on ne parle jamais. Une narration de tendresse et de résistance au milieu de la vulnérabilité et de la violence. L’un des romans les plus touchants qu’il m’ait été donné de lire. Une merveille.

Les vilaines, Camila Sosa Villada, éd. Métailié

Mathilde Degroult
Librairie Les Racontars
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[Coup de cœur de libraire] Les vilaines