Quoi de plus jouissif qu’un roman choral réussi ? C’est ce que nous offre à lire l’Étatsunienne Laila Lalami. Un soir de printemps, le père de la jeune Nora – Driss Guerraoui – est mortellement renversé par un chauffard, à une intersection sombre d’une petite ville de Californie.
Par l’intermédiaire de Nora, le lecteur est plongé in medias res au cœur de la famille, sidérée et incrédule, de cet Américain d’origine marocaine. Car le chauffard a pris la fuite, et une enquête policière est ouverte.
Après Nora vient Jeremy, un « jeune ancien » Marine, devenu policier insomniaque. Puis Efrain, originaire du Mexique, qui a été témoin de la scène mais qui garde le silence par peur de l’extradition. Puis Maryam, la femme de Driss, puis Driss lui-même… puis d’autres encore. Chacun prendra la parole – chacun aura le droit à son « je » – et leurs histoires se chevauchent, s’entrelacent, servant ingénieusement l’intrigue, car cet accident en est-il réellement un ?
Autant de portraits intelligemment dressés de ceux qui composent cette Amérique bigarrée, plurielle.
Les Autres Américains de Laila Lalami, Christian Bourgois éditeur
Aurelie Guillard
L’Encre Bleue
16, rue Saint-Sauveur - 50400 Granville
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J’ai aimé aussi…
- American dirt, Jeanine Cummins (Philippe Rey). Une mère et son fils sont contraints de fuir Acapulco, jetés sur la route des migrants mexicains en direction des USA. Une épopée cruelle mais d’où l’espoir n’est jamais banni pour un roman puissant.
- Histoire du fils, Marie-Hélène Lafon (Buchet/Chastel). Un récit foisonnant et dense, à l’architecture parfaitement maîtrisée. Le meilleur roman de Marie-Hélène Lafon (qu’on aimait déjà beaucoup).