Le désir infini de la poésie contrainte

© Dominique Panchèvre

Mlash, personnage récurrent dans l’œuvre littéraire d’Alexis Pelletier, revient ici dans un deuxième livret, ÉrotoMlash, avec les illustrations de Vincent Rougier. Constitué de trois courts textes (« Un souvenir », « Fragments élégiaques » et « De dos »), rassemblant des fragments écrits à différentes périodes, l’ensemble n’en constitue pas moins un recueil poétique érotique qui célèbre le désir de Mlash pour un de ses doubles, Zipwé, tantôt homme, tantôt femme.

En effet, et comme l’auteur l’énonce, dans « L’entretien post-ludique » en fin d’ouvrage, « Mlash aussi est un personnage transgenre. Pas seulement parce qu’il traverse les genres, le poème, le théâtre, la fiction voire l’essai ».

« Un souvenir » évoque, longtemps après la rencontre, son intensité et l’évidence du désir qui surgit. Souvenir lointain et brouillé, reconstruit dans l’éloge d’un amour devenu poème.

« Fragments élégiaques » se donne à lire comme le seraient des notes retrouvées dans un carnet, dont sexe et désir forment la trame. « De dos » nous embarque dans tout ce que le dos de l’être convoité stimule de désirs, qu’ils soient charnels ou liés à l’écriture.

Le désir de Mlash sous-tend l’érotisme énoncé pour Zipwé, loin des stéréotypes de genre, et en dehors de toute violence dans son exercice. C’est le tour de force réussi par Alexis Pelletier, qui concentre en une poésie minimaliste l’intensité de ses écrits, intensité consubstantielle aux désirs réciproques de Mlash et de Zipwé.

 

Dominique Panchèvre

 

Mots choisis

« Qu’est-ce que l’amour à Stantre

et comment nos gestes étaient précis ardents

et sûrs et sans aucune brusquerie presque

sans hâte dans la détermination

Est-ce que c’est cela qui revient du passé

ou si les mots inventent tout et disent

ce qu’aucun de nous deux n’a vécu. »

(in « Un souvenir »)

[Chronique] Érotomlash d’Alexis Pelletier