Franck Achard, poète et comédien, nous fait découvrir avec son dernier ouvrage 200, paru aux Editions Le Vistemboir en mars 2020, une aventure psychologique et initiatique aux confins d’une vallée, dans le petit village de G. 

L’histoire commence comme une partie de Loup Garou, il y a un village, des habitants et une menace. Dans ce village, les habitants se soumettent à des règles très précises qui définissent à la fois leur identité, de leur naissance à leur mort, mais également leur place dans le groupe et leur destinée. Les habitants, nommés de 1 à 200, ne possèdent pas de nom propre. Chaque habitant qui meure laisse son numéro à un habitant qui nait, perpétuant ainsi un rituel où chaque personne trouve sa place, sous la surveillance du maire. Par des récits croisés, celui du jeune 200, celui du Maire, de l’infirmière ou encore d’un voyageur, on comprend peu à peu que l’ordre établi connait des failles auxquelles l’humain ne peut pas toujours se soumettre, surtout lorsque qu’une grande menace met en péril la vie de chacun. Ce sera alors le rôle du 200 de trouver une solution. Celui-ci d’abord poussé par la règle assignée à son numéro d’aller toujours là où les autres ne vont pas, pourra-t-il sauver son village sans courir à sa perte ou celle de ses compagnons ? Au cours de ce périple, semé d’embuches, le jeune garçon apprendra beaucoup sur lui-même et sur les autres. Tour à tour, l’obéissance, la curiosité, la peur, le désir, et enfin la quête de soi seront ses compagnons de route.  Ce voyage va l’aider à s’émanciper, à grandir, à être acteur du monde qu’il a toujours connu pour trouver sa propre voie. 

La prose poétique envoutante de l’auteur emmène le lecteur à s’interroger sur des croyances profondément ancrées et soudainement ébranlées par la peur, l’instinct, l’amour ou simplement le désir de vivre différemment des autres. Une fausse tranquillité nous garde en haleine tout au long du récit, si bien qu’on a en demanderait encore, une fois la dernière page tournée.   

 

Alice Ginsberg

Mots choisis (p.224)

« Être enfant est une malédiction. Pourquoi certains ont-ils la chance de traverser l’enfance en un seul jour, quand d’autres s’y attardent plusieurs vies durant, empêtrés sur une horloge immense dont la plus longue aiguille les écorche à chaque seconde et semble ralentir volontairement ? En cet instant, 200 voudrait être grand comme 48 le bûcheron et imposant comme M’sieur Treize, et puis libre comme 102 qui joue du piano jour et nuit sans se soucier des regards. »

[Chronique] 200 de Franck Achard