Ouvrage à quatre mains, L’Inde et son double résulte d’un projet de voyage et de récit entre Yves Ouallet, enseignant-chercheur en littérature et Lara Dopff, poète, éditrice, metteur en scène.
“je tremble de ma présence, aux suppures de sa terre.”
Loin du guide touristique, L’Inde et son double est un ouvrage où deux regards portés sur ce pays vont se faire échos, s’enrichir, se compléter. Quand l’un va consigner dans son carnet de voyage ses réflexions, l’autre va utiliser la poésie pour retranscrire ses sensations. Au travers de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du déplacement du corps, le lecteur part alors à la découverte de l’Inde, de ses villes, de son architecture mais aussi de sa vie, ses odeurs.
Page après page, passant du texte à la poésie, le lecteur déambule dans les grandes villes. Il voyage dans les trains surpeuplés ou en bus à la découverte de nouveaux lieux, de nouveaux paysages, de petits villages et de splendides temples où les singes sont rois. Il voyage aussi à la rencontre des habitants, dans une sorte d’attachement aux êtres, de transmission. Il se confronte à la dureté de ce pays des extrêmes où le sacré, le luxe, les rêves, l’énergie et l’harmonie cohabitent avec la misère de la rue, l’extrême pauvreté, la maladie, les ordures, le cauchemar.
L’Inde et son double est comme une invitation au dépaysement ponctuée par la poésie et qui, au rythme des jours, rend perceptible les mouvements du soleil, les atmosphères qui s’en dégagent, les couleurs qui se modifient et la chaleur de la journée qui laisse place au froid du marbre et aux variations de la lune.
Vient le moment de l’éveil, celui qui permet d’être entièrement dans le moment présent, de comprendre, de voir et de sentir simplement, sans être submergé par les couleurs, les odeurs, les bruits tout autour. La lecture se fait alors elle aussi plus en douceur, plus concentrée sur les mots, les silences, pour s’achever sur la nécessité d’apprendre à devenir terrien.
Mots choisis
“Il me semble que de l’Inde je n’ai rien vu.
Immergé, submergé, les yeux grand-ouverts aveuglés par le sel de la mer, le soleil, l’acide de l’air – comment voir ? J’ai essayé de voir de tous mes yeux, de voir de tout mon corps et de toute mon âme, de prendre avec moi pour tenter de la comprendre, l’Inde – et je n’ai vu que des apparitions, des météores et des ombres. Il faut accoutumer l’œil, l’oreille, tous les sens, le corps entier et l’intelligence.
Il me semble que de l’Inde je n’ai rien vu.”