Mathilde Degroult et sa bibliothèque : « Aucun livre ne m’a laissé un si grand vide intérieur »

À quoi ressemble votre bibliothèque ?
L’année dernière, j’ai enfin réussi à consacrer une pièce entière à la littérature et à la musique. Même si je sème des livres un peu partout, je suis entourée de plus de 2 000 livres qui m’ont portée et fait grandir depuis plus de vingt ans. Une petite pièce à l’étage est consacrée aux enfants, avec des albums jeunesse aux quatre coins. Je suis une grande amatrice de livres d’occasion, j’aime qu’ils aient une histoire, leurs pages jaunies et les couvertures vintage à pleurer. Il n’y a aucun classement ! Je range bien assez à la librairie et j’aime le chaos de ma bibliothèque afin que ça ne me rappelle pas constamment le travail. Je les range tout de même par genre, mais ça s’arrête là.
Que trouve-t-on dans cette bibliothèque ?
Mes premiers romans graphiques conseillés par Jean-Marie, de La Cour des Miracles à Caen. Mes livres de poche inestimables de chez 10/18, dénichés au fil des années à Memoranda (toujours à Caen). Tous mes coups de poing littéraires passés ou futurs que j’ai trouvés chez Catherine, de Prose Café à Avranches. Et, en grande majorité, de la littérature états-unienne. Des ouvrages sur la soul, la taxidermie, la broderie, en passant par la philosophie des films d’horreur, l’histoire de la douleur et de la virilité : des sujets que je ne peux pas conseiller tous les jours dans ma librairie et que j’exploite à fond chez moi.
Quels ont été vos premiers livres marquants ?
Matilda (Roald Dahl) à 8 ans, American Psycho (Bret Easton Ellis) à 19 ans, Intérieur nuit (Marisha Pessl) à 30 ans. À ce jour, aucun livre ne m’a laissé un si grand vide intérieur que ce dernier, tant j’ai eu cette impression d’être seule au monde après ces 600 pages, orpheline et comme recrachée après ce tsunami littéraire et émotionnel. L’impression d’avoir été dupée comme le héros l’a été. Une lecture qui m’a fait évoluer comme l’on grandit après une rupture amoureuse en en tirant toutes les leçons.
Quel livre n’avez-vous jamais pu finir ?
Naissance de Yann Moix. J’étais jeune, je voulais m’essayer à d’autres auteurs. J’abhorre son style, ses propos, l’intérêt littéraire qu’il suscite. On ne m’y reprendra jamais.
Quel livre va bientôt rejoindre votre bibliothèque ?
Les Bouchères de Sophie Demange, chez L’Iconoclaste. Un roman qui réunit mes trois passions : les justicières, la viande et l’audace. J’ai eu la chance de le lire en amont de sa sortie le 23 janvier 2025 et c’est l’un de mes titres préférés de cette rentrée d’hiver. Ça tranche comme jamais et j’ai hâte de le ramener à la maison.
Propos recueillis par Valérie Schmitt
Mathilde Degroult est libraire indépendante à Saint-Lô, dans la Manche (librairie les Racontars).