Martine Gasnier, une romancière au lycée : « cette expérience m’a convaincue de poursuivre dans ma voie »

Publié le 28/06/2024
Temps de lecture : 5mn
Au Lycée Auguste Chevalier de Domfront en Poiraie (Orne), l’autrice Martine Gasnier vient d’achever une « Résidence d’auteur à l’école ». Six demi-journées de rencontres et des échanges créatifs avec des élèves de première, le temps d’une expérience qu’elle n’oubliera pas.
Martine Gasnier et les élèves de première du Lycée Auguste Chevalier.
© DR

Faire découvrir à des lycéens le métier d’auteur et le processus de création d’une œuvre, c’est l’idée des projets des résidences d’auteurs en milieu scolaire. À Domfront en Poiraie (Orne), l’autrice Martine Gasnier a expérimenté la démarche, dans le cadre du dispositif « Résidence d’auteur à l’école », mis en place en partenariat avec le Ministère de l’Éducation nationale et celui de la Culture (CNL). 

Au fil de six demi-journées passées au lycée Auguste Chevalier, Martine Gasnier a tissé des liens avec des élèves de première, au fil d’échanges et d’ateliers de création. Cette résidence s’est terminée le 30 mai 2024.

L’autrice revient sur cette expérience.  

En quoi a consisté votre résidence d’action culturelle ?   

Tout part d’une invitation d’une professeure de lettres et de la documentaliste du Lycée Auguste Chevalier. Cette « Résidence d’auteur à l’école » a pris appui sur des rencontres avec les élèves, autour de mon travail littéraire pour en dégager les thèmes. Il s’agissait ensuite d’en débattre avec des lycéens de première, relevant de l’enseignement de spécialité humanités, littérature, philosophie. 

Leur niveau a permis d’intéressants échanges autour de mes préoccupations littéraires, qui sont très ancrées dans le XIXème siècle, les grandes mutations industrielles et la réalité sociale : le travail dans les usines et dans les ports, la condition de l’enfant à l’époque, les premières manifestations et grèves, la lutte pour la dignité. 

C’était votre première résidence ?

Oui, sous cette forme particulière. Je n’avais jusqu’à maintenant qu’une expérience d’interventions très ponctuelles en milieu scolaire, le plus souvent au collège. 

Pourquoi avoir accepté ce projet ?

J’ai été particulièrement sensible à la démarche des responsables du projet et à l’intérêt qu’ils portaient à mon travail. J’ai répondu avec enthousiasme. L’expérience m’a permis de rencontrer de jeunes lecteurs, de les écouter, d’échanger avec eux et autant que faire ce peut de les aider à devenir des citoyennes et citoyens libres. C’est aussi pour moi l’occasion de briser la solitude de l’écriture. 

Quelles sont les rencontres ou moments forts qui vous ont marqués pendant cette résidence ? 

Chaque rencontre est pour moi un moment fort, à l’écoute de questions souvent vierges de tout préjugé et qui dénotent un état d’esprit altruiste ainsi que la volonté de s’engager pour une société perfectible. 

Quelles suites aura votre travail mené pendant cette résidence ?

Ce travail verra son aboutissement dans la production d’écrits. Les élèves pourront choisir d’écrire un essai, un plaidoyer, une lettre ouverte, un billet d’humeur ou un discours. Cet atelier devrait aider les élèves à améliorer leurs compétences, tant au niveau de l’écrit que de l’oral et tout cela dans la perspective du bac de français.

Un temps de restitution orale est également prévu devant l’ensemble du groupe. L’éventualité d’ouvrir la manifestation et de la tenir au théâtre de la ville est envisagée. Elle permettrait à toute la communauté éducative, aux familles et aux élèves, d’apprécier le travail accompli. 

Comment cette expérience va-t-elle enrichir votre travail d’autrice ?

À moins qu’il ne soit particulièrement auto-centré, tout auteur trouve dans la relation à l’autre matière à s’enrichir personnellement. Je ne sais pas encore sous quelle forme cela se traduira, mais je suis d’ores et déjà certaine que cette expérience m’a convaincue de poursuivre dans la voie que j’ai empruntée, et qui trouve un écho favorable dans le milieu de l’enseignement. 

En dehors de cette résidence, quelle est votre actualité littéraire ?

Cette année 2024 verra la parution, au mois de septembre, de mon prochain roman « Un Rital à la mine » aux éditions Zinédi. Ce projet d’écriture évoque l’après-guerre. La Grande Guerre vient de se terminer et le pays, exsangue, doit se reconstruire. Massacrés lors du conflit, les hommes font cruellement défaut. Pour pallier cette situation, politiques et industriels vont se résoudre à ouvrir plus largement les frontières aux étrangers. Parmi eux, les Italiens, accourus de la péninsule pour fuir la misère. Embauchés en grand nombre sur les sites miniers, ils contribueront au redressement de la France où beaucoup feront souche. Au-delà d’un destin particulier, celui d’Emilio, le héros du roman, ce récit racontera la lutte des immigrés pour survivre dans un milieu parfois hostile et leur rend hommage. 

Ce sera l’occasion de nouvelles rencontres en librairies et médiathèques. D’ici là je participerai à diverses rencontres-dédicaces dans des salons du livre en Normandie et ailleurs. 

Propos recueillis par Cindy Mahout.

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