Laurent Georjin ou l’art de la variation

Publié le 29/04/2024
Temps de lecture : 4mn

Romans, théâtre, fictions radiophoniques, courts métrages… Loin de se disperser, Laurent Georjin multiplie les expériences d’écriture comme des variations naturelles autour de son travail d’auteur. Auquel il ajoutera une nouvelle facette en réalisant un premier long métrage en 2025.

Laurent Georjin chez lui à Glisolles, dans l’Eure ©DR

Perluète: Auteur pour la radio, le théâtre, le cinéma, vous avez publié un second roman en 2022. Comment s’organise votre travail d’écriture sur tous ces fronts ?

Dès le début, j’ai commencé à écrire dans plusieurs voies. J’écris du même endroit, mais si c’est un roman, du théâtre, un scénario ou une fiction radiophonique, je me déplace dans cet espace en portant un regard différent sur l’histoire et les personnages. Ce n’est pas toujours organisé. Je peux commencer un texte pour la radio parce que j’entends des voix, et finalement le développer pour un roman, comme une variation.

Comment êtes-vous venu à l’écriture de fictions radiophoniques ?

En répondant à un concours organisé par la RTBF en 2008. Le texte que j’avais transmis n’a pas été retenu mais la productrice de Par Oui-Dire, Pascale Tison, m’a proposé de le réaliser pour son émission. C’est le départ d’une longue collaboration. À la RTBF, les auteurs peuvent réaliser leur fiction avec une équipe de techniciens. Ce n’est pas le cas à France Culture où l’on confie le texte à un réalisateur qui choisit lui-même les comédiens. 

Quelle est la particularité de cette écriture ?

À la radio, je ne peux pas avoir une démarche introspective. Il faut faire parler les personnages directement. Il s’agit de trouver un équilibre entre la littérature, la poésie et quelque chose de plus réaliste, de plus immédiat, qui permette à l’auditeur de saisir ce qu’on veut lui suggérer. On doit donner à entendre des choses complexes avec beaucoup de simplicité, donner à voir où se trouve les personnages… C’est très différent d’un roman qui m’entraîne davantage vers la poésie et l’introspection.

En réalisant la plupart de vos fictions pour la RTBF, vous croisez les compétences…

J’ai commencé à faire de la radio à 17 ans et c’est un média que j’aime beaucoup. J’ai un rapport direct avec la matière sonore, pas seulement lors de l’enregistrement avec les interprètes, mais aussi pendant le choix des habillages sonores, le montage et le mixage. Tout cela, c’est déjà écrit, c’est une écriture à part entière. Le son par rapport à un récit, c’est une troisième dimension, c’est comme une perspective.

Écrire pour la radio, c’est un travail de niche ?

Oui, c’est un peu fermé. France Culture reçoit beaucoup de projets mais très peu de fictions sont produites. C’est une niche parce qu’il y a peu de place et pas beaucoup d’argent. Mais c’est intéressant car on développe des collaborations avec des techniciens, des comédiens. C’est une ouverture… Le roman, c’est un travail de solitude tandis que l’écriture radiophonique, c’est très proche du cinéma. D’ailleurs on dit « tourner » quand on enregistre. Il y a un vocabulaire commun. On parle de premier plan, de second plan et d’arrière-plan sonores.

Justement, vous aller bientôt réaliser votre premier long métrage. C’est un nouveau déploiement de votre travail ?

Absolument. Le scénario que j’ai écrit provient d’une texte enregistré en 2014 pour La Première RTBF. C’est une variation avec plusieurs personnages ajoutés pour agrandir l’histoire. Il y a une filiation directe. La distribution est presque bouclée et le tournage débutera en 2025 en Normandie et dans les Ardennes belges. La différence avec les courts métrages que j’ai déjà réalisés se jouera sur la longueur, avec sept semaines de tournage pendant lesquelles il faudra maintenir une énergie constante.

Avez-vous prévu de revenir à la littérature ?

Oui, c’est aussi l’actualité du moment. Je viens d’obtenir une bourse du Fonds d’aides au développement de l’économie du livre en Normandie (FADEL) pour écrire un autre roman.

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