Violaine Bérot : écrire l’intime à la Villa La Brugère

Publié le 19/11/2025
Temps de lecture : 5mn
Violaine Bérot est actuellement en résidence d’écriture à la Villa La Brugère à Arromanches-Les-Bains (14), du 31 octobre au 27 novembre. Elle travaille sur l’intime, en interrogeant les vies de ses grands-mères, les silences qui les entourent aussi, elle interroge sa propre existence.   
Violaine Bérot © Stéphane Lessieux

En préambule, pourriez-vous rappeler, en quelques lignes, le sujet du projet d’écriture que vous avez commencé ou poursuivi en résidence ?   

Je travaille sur le lien entre les vies de mes grands-mères et un traumatisme récurrent chez moi que je ne m’explique pas. En réinventant leurs vies, je cherche ce qui a pu leur arriver et n’a jamais été raconté. 

Vous retrouvez un lieu qui vous est familier, puisque vous êtes déjà venue en résidence à la Villa la Brugère. Quel souvenir gardiez-vous de votre passage dans ce lieu pour avoir l’envie d’y revenir six ans plus tard ?  

C’est un régal de revenir ici ! J’avais adoré cet endroit non seulement parce que l’emplacement est merveilleux, mais aussi pour le calme et les possibilités de longues marches, qui sont les conditions nécessaires à mon travail. Je me souvenais d’y avoir vraiment bien travaillé. Je rêvais d’y revenir… 

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans le fait d’être en résidence ? 

Une combinaison de facteurs : être éloignée de chez moi pour travailler à un endroit où je ne connais personne et ne serai donc pas interrompue ni tentée de faire autre chose ; être payée pour écrire et donc reconnue pour ce travail d’écriture qui, aux yeux de beaucoup, peut ne pas ressembler à du travail ; savoir que cette période va être exclusivement réservée à la résidence et n’accepter aucune autre proposition littéraire sur ce mois-là pour pouvoir rester concentrée exclusivement sur mon projet. 

Votre biographie est riche d’expériences variées. On découvre votre passé d’étudiante en philosophie, ingénieure informatique spécialisée en intelligence artificielle, puis éleveuse de chèvres.  Comment toutes ces vies enrichissent ou trouvent un écho dans votre écriture ?   

Tout ne trouve pas un écho ! Je pense que seul mon travail avec les bêtes transparaît dans certains de mes textes, sans doute parce qu’observer mon troupeau m’a beaucoup appris sur les comportements humains…  

Sans jamais tomber dans le lieu commun, votre œuvre aborde des sujets intimes et forts, comme l’inceste (Léo et Lola), l’emprise amoureuse (Nue, sous la lune), le déni de grossesse (Tombée des nues) ou la fin de vie (Du côté des vivants). D’où vient cette envie de faire entendre le désarroi de ceux ou celles qui sont confrontés à l’inattendu ? 

Ce n’est pas forcément le désarroi que je veux faire entendre. Je veux plutôt réfléchir à une interrogation pour laquelle je n’ai pas de réponse. Lorsque je me demande pourquoi notre société a tant de mal à accepter la mort, j’écris Du côté des vivants. Lorsque je ne comprends pas comment une femme peut ne pas sentir un fœtus grandir dans son corps et aller jusqu’à accoucher sans réaliser qu’elle accouche, ça donne Tombée des nues. Ce qui est sûr c’est que je travaille sur l’intime et sur nos relations familiales et sociales. C’est mon terreau. 

De nombreuses rencontres avec le public vont émailler votre résidence, pourriez-vous expliquer en quoi ces temps d’échanges sont importants pour vous ? Qu’apportent-ils à votre cheminement, à votre projet en cours d’écriture ? 

Ces rencontres s’inscrivent dans le cadre du programme Culture/Ruralité. Je rencontrerai six groupes distincts et je partagerai avec eux mon travail de création en les impliquant dans l’avancée du projet. Je vais tester à voix haute l’impact de mon texte devant un public auquel je vais demander de réagir. 

Quelle est la suite de votre projet d’écriture ?   

Me concentrer, travailler chaque jour, avancer, même si avancer peut chez moi signifier qu’il faut revenir en arrière et jeter des journées de travail, mais avancer malgré tout…  

Propos recueillis par Cindy Mahout  

En savoir plus sur la résidence sur le site de la Villa La Brugère

Des rencontres, ouvertes à tous et en accès libre, auront lieu chez plusieurs partenaires du territoire :  

  • vendredi 14 novembre à 18h à la Ferme culturelle du Bessin, à Esquay-sur-Seulles ; 
  • vendredi 21 novembre à 18h à la librairie Le Garage hermétique, à Luc-sur-mer ; 
  • samedi 22 novembre à 20h30 à la Villa La Brugère ;
  • dimanche 23 novembre à 17h au Tiers-Lieu L’Arbre, à Commes ; 
  • jeudi 27 novembre à 17h à la librairie Metropolis à Bayeux. 

Retrouvez d’autres retours d’auteurs et autrices qui ont participé à des résidences d’écriture en Normandie sur le site terre-ecriture.normandielivre.fr

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