Un rital à la mine de Martine Gasnier : le rêve d’un avenir meilleur pour toute une génération d’italiens entre les deux guerres
Au sortir de la Première Guerre mondiale, de nombreux italiens vinrent en France chercher du travail, sans qualification particulière et sans connaître la langue. Ils partaient chercher de quoi manger, au jour le jour. Martine Gasnier nous attache au personnage d’Emilio, un jeune émigré italien qui arrive à la mine de Soumont-Potigny, en Normandie. Il porte les rêves et les doutes de toute une génération d’immigrés italiens qui ont fui la misère et la faim. Emilio se retrouve confronté au dur labeur de la mine et à la méfiance de la population contre les Ritals. La lueur d’espoir viendra de sa rencontre avec Mélanie, une jeune française qui occupe la fonction de lampiste à la mine. Leur relation naissante va se heurter là aussi aux préjugés de la population, notamment à l’hostilité d’un groupe d’ultras nationalistes. Avec l’arrivée des premiers réfugiés politiques italiens, parviennent à Emilio des nouvelles de l’autre côté des Alpes, où un certain Mussolini commence à faire parler de lui. Dans un contexte politique et social qui se durcit de plus en plus, Il choisit l’engagement syndical et antifasciste. Ayant épousé Mélanie, il force son destin jusqu’à devenir musicien, parvenant ainsi à s’arracher aux entrailles de la mine. Même si la nostalgie de son pays est parfois trop forte, et les traumatismes de la mine tenaces, Emilio est bien décidé à prendre sa vie en main et à ne pas subir la fatalité de sa condition d’immigré.
« Les passagers observaient la réserve propre à ceux qui, avant de partir, laissent leurs souvenirs ressusciter et réécrivent des pages du passé en s’arrangeant avec lui jusqu’à le solder. La mémoire d’Emilio, elle, n’avait pas été ensevelie sous la poussière du temps. Il n‘avait rien à exhumer. Il lui fallait juste ne pas oublier.«
Valérie Schmitt
Un rital à la mine, de Martine Gasnier, éditions Zinedi, septembre 2024