« Le Bar des grandes espérances » : quand l’absence forge un destin

À 8 ans, Junior est entouré de femmes : sa mère, sa grand-mère, sa tante, ses cousines. Les présences, lointaine, du grand-père et, rapprochée, de l’oncle vénéré viennent quelque peu pallier l’absence de toute figure paternelle. Incapable soudain de trouver la Voix, celle de son père, chroniqueur à la radio, Junior se tourne, désespéré, vers le bar du coin, où il découvre un chœur enthousiaste de nouvelles voix, dont celle de l’oncle Charlie, sosie d’Humphrey Bogart, et finalement toutes celles de son cercle. Ils lui enseignent la « vie », le soignent et lui offrent une sorte de paternité chorale. Junior tente de se forger une identité.
Quand vient le temps pour lui de quitter la maison, le bar devient un sanctuaire, un lieu rassurant, où revenir se ressourcer… À maintes reprises, le bar lui offre un refuge contre l’échec, le rejet, le chagrin – et finalement contre la réalité. Le roman dresse le portrait émouvant d’un garçon perdu, la lutte inoubliable d’un garçon pour devenir un homme.
Christophe Duparloir
Le Bar des grandes espérances de J. R. Moehringer – trad. de l’anglais par Thierry Gillybœuf – Éditions Élysande
J’ai aimé aussi…
- Le Jour des corneilles de Jean-François Beauchemin – Éditions Libretto. Comme seul rempart à la brutalité de l’histoire, l’amour inconditionnel d’un fils pour son père. Hypnotique.
- Les Voyous de velours de Georges Eekhoud – Éditions Espace Nord. Un bourgeois anticonformiste partage son attrait de la lie de la société, ouvriers, fêtards et petits bandits. Irrévérencieux.
- Je vais mourir cette nuit de Fernando Marías – trad. Raoul Gomez – Actes Sud-Babel. Quand votre pire ennemi devient la marionnette de votre vie, il est déjà trop tard. Hors norme et fascinant.
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