La Sauce aux Arts, éditeur poétique et engagé !
Hervé Gissot, alias Spleen l’ancien, homme de scène et de rimes, remet ici sa prose au goût du jour, dans une langue qu’on ne lui connaissait pas. « Ni pom-pom girls, ni yakuzas, et rien qui fasse le buzz. Ou l’art d’oser dérouler une histoire sans garde-fous en snobant les incontournables ! » Un jour de juin, André et Marie Volène emménagent dans leur nouvelle maison destinée à abriter leurs vieux jours. Ils y découvrent deux grands cahiers. Ils relatent la vie d’un homme qui a vécu là bien avant eux. C’est ce texte, poétiquement intitulé La Nuit des étoiles filoutes, que le lecteur découvre. Tout un programme qui se déroule sous nos yeux et à nos oreilles, tant la langue est travaillée.
Entre deux confinements, Marie et Jean-Pierre nous accueillent chez eux. Ils ne sont pas vieux, ce sont des aînés, des anciens, des seniors. Ils évoquent leur rencontre dans cette résidence pour personnes âgées et leur histoire d’amour. Nous partageons avec eux ces moments d’intimité. Des rires, des larmes, des souvenirs, de l’espoir, de la joie, de l’amour… « Une chose qui ne s’exprime pas, mais qui se vit. Tout de même, si on nous avait dit qu’à notre âge, on vivrait des moments pareils, on ne l’aurait jamais cru. » Yo du Milieu use de toute sa sensibilité dans Tartines & déconfiture, Paroles d’anciens entre deux confinements pour dire les mots de ces oubliés : « Ils veulent tellement nous protéger, nous, les Vieux. Nous protéger de tout, nous protéger de vous, nous protéger de nous-mêmes et malgré nous, qu’aujourd’hui dans la rue, quand je croise un gamin, il n’ose même plus me dire bonjour, de peur qu’un seul regard ou un petit bisou me tue… »
De l’humanité, il en est amplement question dans le journal de Mamadou Samake, qui, de 2018 à 2022, a effectué un périple d’Abidjan à Caen. Le chien qui a vu le lion relate ses trois ans d’errance. « Toute la journée, je couvre des pages de cahier. Cela devient une obsession. Au début, […] mon intention n’est pas de faire un livre mais de me débarrasser d’un fardeau, de jeter ce qui m’encombre. Mais quand je m’aperçois que les souvenirs et les mots coulent comme un fleuve, […] je sens que c’est mon périple en entier que je vais raconter. C’est une nécessité, cela s’impose à moi et me soulage. » Marie-Odile Laîné, dont on connaît l’engagement et la plume, a accompagné Mamadou dans l’écriture de ce livre – fort. Texte universel qui fait écho à la situation de tous les migrants qui fuient des guerres, des situations familiales trop difficiles, l’absence de travail, et qui ne sont ni attendus ni toujours les bienvenus dans leur pays d’accueil. « Même si je suis arrivé à destination, combien sont ceux qui ont disparu, ceux qui ont péri ou ceux qui ont atteint leur but mais sont aujourd’hui malheureux ! […] Après plus de trois ans d’errance et d’épreuves, ai-je le droit d’espérer qu’une autre vie m’attend ? »
LSAA, éditeur militant et humaniste. Espérons que l’encre noire de la pieuvre marque encore pour longtemps notre imaginaire et le papier !
Cindy Mahout
Site internet : www.lasauceauxarts.org