La littérature expérimentale mise à l’honneur dans la jeune revue Restes
Quelle est la raison d’être de la revue Restes ?
La revue repose sur deux principes : le premier est qu’elle a vocation à valoriser tous les auteurs à l’exception de ceux résidant en Île-de-France, afin de contribuer, modestement, à rééquilibrer une balance du secteur éditorial qui penche très sérieusement du côté de Paris et de sa région. Nous parlons, un peu ironiquement, de « l’extramuros » pour matérialiser le territoire que nous cherchons à mettre en valeur. Le second principe est que nous nous intéressons à la littérature expérimentale, qui est un genre assez peu commenté en France, alors que de grands auteurs s’inscrivent dans cette catégorie, notamment aux Etats-Unis (Danielewski, Pynchon, Gaddis, Wallace…). Parler de littérature expérimentale, c’est une belle occasion de parler de la forme, du processus d’écriture, des techniques de narration.
Où trouvez-vous les auteurs ?
Nous avons commencé par publier des appels à textes sur différentes plateformes et sur les réseaux sociaux. Certains agrégateurs, qui s’affichent en premier lorsque vous cherchez des « AT » sur internet, sont très populaires et ont généré des centaines de clics sur notre site internet, ainsi que l’envoi de dizaines de textes. Cette base nous a offert suffisamment de matière pour sortir un premier numéro, et ce premier numéro a ensuite intéressé la presse : trois articles sont sortis peu après. Depuis, se sont ajoutés des auteurs qui nous contactent grâce au bouche-à-oreille.
Quels sont les premiers retours des lecteurs ?
Nous avons reçu de très bons retours, pour le numéro 1 comme pour le numéro 2, et de nombreux témoignages de sympathie pour notre démarche, notamment en ce qui concerne la valorisation de la « province ». Les échanges avec nos lecteurs sont très agréables puisque nous partageons, fatalement, le goût d’une littérature qui sort des sentiers battus à plus d’un titre. Des commentaires constructifs nous sont aussi parvenus sur la forme de la revue en elle-même, que nous prenons volontiers ; nous sommes une structure associative, nous apprenons beaucoup sur le tas !
Quel avenir envisagez-vous pour la revue ?
Les retours de nos lecteurs nous ont mené à lancer une campagne de financement participatif pour faire de notre revue une revue papier. Elle est très bien engagée, nous en sommes ravis ! Ce financement est organisé comme une campagne de précommande : les donateurs achètent en réalité un ou plusieurs exemplaires des numéros 1 et 2, à un tarif promotionnel, qu’ils recevront dès l’impression achevée.
Nous avons de nombreux projets en tête pour la suite : des partenariats avec des éditeurs locaux afin d’aller plus loin avec certains de nos auteurs, proposer notre revue en librairie et en bibliothèque, peut-être également à moyen terme publier des romans. L’une de nos priorités actuelles est de stabiliser un modèle économique qui nous permette de rémunérer nos auteurs.
Je suis champenois, arrivé en Normandie il y a 7 ans en même temps que je passais d’animateur radio à bibliothécaire. Lancer cette revue était l’occasion pour moi de replonger dans un projet éditorial après mes années de presse écrite puis radio, tout en le liant à ma passion pour la littérature, notamment expérimentale. C’est une aventure gratifiante par bien des aspects, qui me permet de retravailler avec d’anciens camarades et de faire de très agréables rencontres !
En savoir plus sur le site internet de la revue Restes : https://revuerestes.wordpress.com