« La bonne volonté de vivre » de Jean-Louis Rambour, douce mélancolie du soir
L’homme fait avec ce qu’il a, surtout vers la fin de sa vie quand il « n’a plus d’enfant à saisir », et que « [son] manteau a déjà le vert du bronze ». Même s’il « triche » parfois. Jean-Louis Rambour ne s’effare pas de la vieillesse et de la mort qui vient. Il est déjà prêt. Il ne se bat pas pour vivre encore et encore, il ne se révolte pas : il a juste « la bonne volonté de vivre ». Il tient déjà en sa main « la pièce » qu’il devra donner à Charon, le « passeur » qui l’attend. Nulle révolte dans ces vers ; juste une paisible acceptation de l’inéluctable, sans raidissement ni terreur. Les souvenirs de sa vie repassent en se perdant parfois dans la contemplation du soir, « avant que la forêt ne soit d’un noir laqué ».
Cette poésie tranquille se pare d’images d’une humanité acceptée. Les rides du front sont autant de
« lierres lourds, fous, des lierres lianes
derrière les plis des yeux, roulés sur le front ».
Une douce mélancolie de « la grande attente » amène le poète à considérer sa vie avec ses amours, ses « agonies », ses échecs mais aussi ses victoires, comme celle où il « a repris la pièce au passeur ». Mais il « voi[t] les apparences, les coulisses ».
Jean-Louis Rambour sait bien l’impermanence de l’être humain : « Je ne me reconnais que dans les oiseaux en fuite », écrit-il dans un des derniers poèmes de cette œuvre. Mais ce n’est pour lui un drame.
« Je n’hésiterai plus aux carrefours car ce passage
aura rendu inutiles la croix des girouettes et
les quatre ponts de la rose des vents… »
Daniel Collin
La Bonne Volonté de vivre – Jean-Louis Rambour, Éditions L’Herbe qui tremble, 2024